17.08.12 - CPI/RWANDA - OPPOSANTS RWANDAIS ET ACTIVISTES CONGOLAIS DEPOSENT PLAINTE CONTRE KAGAME, KABILA ET MUSEVENI

La Haye, 17 août 2012 (FH) – Des membres de la société civile congolaise et de l’opposition rwandaise en exil ont déposé « plainte », vendredi 17 août, après du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes commis dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

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Nkiko Nsengimana, le représentant des Forces démocratiques unifiées (FDU), qui rassemblent une partie de l’opposition rwandaise, a été reçu par un responsable du bureau du procureur peu après 11h30, en compagnie de l’avocat canadien Christopher Black. Les deux hommes ont déposé une plainte contre Paul Kagame pour des crimes de guerre, tel qu’énoncé dans le rapport additionnel des experts des Nations unies, publié fin juin. « Ce rapport souligne l’assistance donnée par les Forces de défense rwandaises sous le commandement de Paul Kagame au M23 », un groupe rebelle actif dans le Kivu, dans l’est de la RDC, depuis avril 2012, a indiqué Christopher Black. « Quand il y a des crimes qui sont commis dans un autre pays et que cet autre pays, le Congo, lui aussi, dénonce, là, je pense vraiment que trop, c’est trop ! » a commenté Nkiko Nsengimana. Le gouvernement rwandais, Kagame en tête, a fermement démenti.

Le Bureau du procureur a ensuite reçu Benjamin Kalamba, responsable de l’Association pour la promotion de la démocratie et du développement de la République Démocratique du Congo (l'APRODEC), une organisation de Congolais vivant en Belgique. L’APRODHEC demande que soient poursuivis les trois chefs d’Etats de la région, Joseph Kabila, Paul Kagame et Yoweri Museveni. « A quoi ça sert d’arrêter (Thomas) Lubanga, d’arrêter les petits poissons, sachant très bien que derrière, le responsable est toujours là et qu’il continue. Il faut que le procureur arrête de tourner autour du pot. Il faut qu’il vise les trois responsables qui sont la cause de la misère des populations des trois pays ».

Devant la Cour, une centaine de Rwandais et de Congolais s’étaient rassemblés pour manifester. « Le Congo n’est pas à vendre », ont-ils scandé, brandissant des affiches demandant l’inculpation du chef d’Etat rwandais, ou évoquant ses crimes allégués : « 16 ans de pouvoir, 8 millions de morts ».

L’initiative fait écho aux pressions exercées ces derniers jours sur le Rwanda, auquel plusieurs Etats, dont les Etats-Unis, ont suspendu leur aide, suite à la publication du rapport de l’Onu fin juin, dans lequel le Rwanda est accusé de soutenir les rebelles du M23. La semaine dernière, l’ambassadeur américain pour les crimes de guerre, Steven Rapp, avait indiqué que les auteurs de ces crimes devaient être poursuivis.

« On peut être considéré comme responsable de crimes même lorsque on ne franchit pas la frontière, avait-il déclaré, si vous fournissez de l’aide à un groupe qui est en train de commettre des atrocités et que vous savez qu’ils utilisent cette aide de cette façon, c’est ainsi que nous avons pu poursuivre avec succès Charles Taylor », avait-il déclaré.

Le bureau du procureur reçoit régulièrement des plaintes mais n’a aucune obligation d’engager des poursuites sur cette base. Par ailleurs, il enquête sur les crimes commis en RDC depuis 2004. Interrogé par l’agence Hirondelle, le bureau du procureur rappelle que deux mandats d’arrêt sont en cours pour des crimes commis dans le Kivu contre Bosco Ntaganda et Sylvestre Muducamura. Les deux hommes sont « impliqués dans une situation ou des dizaines de milliers de civils continuent de souffrir, otages d’intérêts individuels et régionaux », précise le bureau du procureur.

SM/ER/GF