Cambodge: des étudiants rejouent les atrocités des Khmers rouges, 50 ans après

Des étudiants cambodgiens dotés d'armes factices ont joué mardi des scènes des atrocités des Khmers rouges, à l'occasion d'une journée nationale de commémoration des deux millions de victimes du régime génocidaire, autrefois appelée "journée de la colère".

Des centaines de personnes se sont réunies au mémorial de Choeung Ek, dans la capitale Phnom Penh, aussi surnommé "les champs de la mort" où les soldats de Pol Pot ont exécuté des milliers de personnes considérées comme des ennemis, ainsi que leurs familles, les bourreaux craignant la vengeance des jeunes générations.

Après les prières, une reconstitution théâtrale des massacres, à l'aide de fausses mitraillettes, de couteaux et de bâtons de bambou, a fait replonger l'audience dans les années les plus sombres de l'histoire moderne du Cambodge.

"J'ai versé des larmes quand j'ai vu leur performance", explique Chruok Sam, 70 ans, qui a perdu douze membres de sa famille.

Le survivant a dit espérer que cette reconstitution aidera les jeunes générations à approfondir leurs connaissances sur ce qu'il désigne comme le "régime le plus haineux et cruel sur terre".

Dirigé par Pol Pot, décédé en 1998 sans avoir été jugé, le régime marxiste totalitaire a tenté d'imposer une nouvelle société agraire, sans monnaie, médecine et éducation. Deux millions de personnes sont mortes d'épuisement, sous la torture ou au gré des exécutions.

Le Cambodge célèbre le 7 janvier, la "journée de la victoire" rappelant l'effondrement des Khmers rouges en 1979, ainsi que le 20 mai, qui marque la mise en place des politiques de collectivisation totale et ses conséquences mortelles sur la population.

Autrefois appelée "journée de la colère", elle est désormais inscrite au calendrier comme étant la "journée nationale du souvenir". Elle tombe cette année après le 50e anniversaire de la chute de Phnom Penh, le 17 avril.

Une autre survivante présente à la cérémonie, Em Ry, 63 ans, a dit toujours craindre le régime de Pol Pot.

Forcée de travailler toute la journée, elle n'avait le droit à "une cuillerée de maïs", a-t-elle décrit. Elle a perdu plusieurs membres de sa famille, dont sa grand-mère.

Le Premier ministre Hun Manet, qui a assisté à l'inauguration d'une cimenterie dans la province de Kampong Speu, au sud-ouest de Phnom Penh, a appelé la population à ne pas oublier les atrocités.

"Nous devons avancer, mais nous ne pouvons pas oublier notre passé douloureux", a-t-il déclaré.

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