RDC: le parti au pouvoir appelle Kabila à "laisser les Congolais tranquilles"

Le parti du président de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi a répondu dimanche aux critiques de Joseph Kabila, qualifiant l'ex-dirigeant de "sujet rwandais" qui doit cesser d'interférer dans les affaires congolaises via le groupe armé M23 dans l'est du pays en proie à la guerre.

Dans son premier discours aux Congolais depuis qu'il a quitté le pouvoir en 2019, M. Kabila avait dénoncé vendredi la "dictature" et les "décisions arbitraires" de Kinshasa à son encontre. Félix Tshisekedi l'accuse d'être l'architecte de l'insurrection du M23.

Cette charge de M. Kabila contre son successeur intervenait au lendemain de la levée de son immunité parlementaire par le Sénat, qui ouvre la voie à un procès pour trahison du politicien de 53 ans concernant ses liens présumés avec le M23.

Avec l'aide du Rwanda, le groupe armé antigouvernemental s'est emparé de vastes portions de l'Est congolais, riche en ressources naturelles et déchiré par des conflits depuis plus de 30 ans.

"Kabila n'est pas Congolais, qu'il laisse les Congolais traiter leurs problèmes entre eux", a lancé dimanche Augustin Kabuya, secrétaire général du mouvement de M. Tshisekedi, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), lors d'un discours au siège du parti à Kinshasa.

"Je lance un appel à Kabila de laisser les Congolais traiter leurs problèmes. Lui, un sujet rwandais qu'on nous a imposé au pouvoir, doit laisser les Congolais tranquilles", a-t-il ajouté, accusant l'ex-président de diriger le M23.

Évoquant les personnes tuées par les autorités dans des manifestations durant le règne de M. Kabila, M. Kabuya a estimé que l'ancien président "n'a rien à nous apprendre lorsqu'il s'agit de démocratie".

Lors de son discours vendredi, M. Kabila a annoncé qu'il allait se rendre prochainement à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu pris par le M23 début 2025 après une offensive éclair.

Après avoir cédé le pouvoir à M. Tshisekedi en 2019, M. Kabila avait obtenu le titre de sénateur à vie et l'immunité parlementaire qui l'accompagne.

Il avait quitté le pays en 2023 mais en avril, il avait créé la surprise en annonçant dans la presse son prochain retour en RDC "par la partie orientale" du pays. Dans la foulée, les autorités congolaises avaient mené des perquisitions dans plusieurs de ses propriétés, prononcé la suspension des activité de son parti et saisi un tribunal militaire pour engager des poursuites à son encontre.

L'auditeur général près la haute cour militaire a par la suite déposé une requête auprès du Sénat réclamant la levée de l'immunité de M. Kabila, l'accusant de trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, participation à des crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La procédure pose question à plusieurs experts constitutionnels - l'indépendance du pouvoir judiciaire en RDC est régulièrement mise en doute - mais la levée de l'immunité parlementaire a été votée à une écrasante majorité jeudi par le Sénat, où le parti de l'actuel président est majoritaire.

Kinshasa a fait dernièrement une série d'avancées diplomatiques dans les pourparlers visant à mettre fin aux combats.

M. Tshisekedi s'est tourné vers le président américain Donald Trump, lui offrant un accès aux minéraux rares de la RDC en échange du soutien de Washington dans les négociations avec le Rwanda.

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