Le Fonds au profit des victimes (FPV) de la Cour pénale internationale destiné aux victimes de la crise des années 2000 en Côte d'Ivoire, va être clôturé samedi, après deux cérémonies commémoratives dans l'ouest du pays, région particulièrement touchée, a-t-on appris jeudi auprès de l'institution.
Après avoir été divisée en deux par une rébellion dans les années 2000, la Côte d'Ivoire a connu une crise post-électorale en 2010-2011, quand s'affrontaient les partisans de Laurent Gbagbo et ceux de l'actuel président Alassane Ouattara, dans laquelle au moins 3.000 personnes sont mortes.
Jeudi, le FPV organisait une première cérémonie d'hommage, avec l'inauguration d'un mémorial, à Duekoué où 817 personnes étaient mortes en une seule journée en mars 2011, dans cette région considérée comme pro-Gbagbo.
Une autre cérémonie doit avoir lieu vendredi à Bloléquin, une ville voisine.
Ces cérémonies marquent la clôture du programme d'assistance du FPV en Côte d'Ivoire, mené de février 2020 au 31 mai 2025. 700 victimes ont bénéficié d'une réhabilitation médicale, psychologique et matérielle, et plus de 10.000 personnes ont participé à des mesures collectives", note le FPV dans un communiqué.
"De nombreuses victimes d'autres incidents (...) attendent encore la reconnaissance de leurs souffrances et la restitution des dépouilles de leurs proches. Nous appelons les autorités ivoiriennes à poursuivre leurs efforts afin qu'aucune victime ne soit laissée pour compte", a déclaré Andres Parmas, président du Conseil d'administration du FPV.
"Ces monuments symbolisent le long chemin parcouru par les communautés de Duékoué depuis 2011. Ils allègent le poids des horreurs que nous avons endurées et dont nous avons été témoins. Aujourd'hui, ce que nous avons vécu n'est plus caché", a affirmé une survivante de Duekoué, bénéficiaire du programme.
Deux autres mémoriaux ont été érigés en avril, dans les communes abidjanaises d'Abobo et Yopougon.
La crise avait conduit Laurent Gbagbo et son bras droit de l'époque Charles Blé Goudé devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, pour "crimes contre l'humanité" mais les deux hommes ont été acquittés en mars 2021 et sont depuis rentrés en Côte d'Ivoire, où ils ont repris des activités politiques.
Un ancien chef de guerre de l'ouest de la Côte d'Ivoire, Amadé Ouérémi a été condamné à la perpétuité pour le massacre de Duekoué, mais des zones d'ombres subsistent sur les commanditaires.
En 2018, une loi d'amnistie a conduit à plusieurs libérations dont celle de Simone Gbagbo, l'ex-Première dame, au nom de la "réconciliation nationale".
Soixante-sept dépouilles de personnes tuées dans l'ouest lors de la crise ont été officiellement remises à leurs familles ces deux dernières années par les autorités.