20.12.12 - SENEGAL/TCHAD - UN PAS DE PLUS VERS LE DEBUT DU PROCES DE HISSENE HABRE

Arusha, 20 décembre 2012 (FH) – La loi votée mercredi par l’Assemblée nationale du Sénégal pour créer des chambres spéciales au sein des juridictions sénégalaises marque l’approche inéluctable du début de la procédure contre l’ancien président du Tchad Hissène Habré, estime l’organisation Human Rights Watch (HRW).

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Habré est accusé de milliers d’assassinats politiques et de l’usage systématique de la torture lorsqu’il dirigeait le Tchad, de 1982 à 1990. Il vit en exil au Sénégal depuis plus de 21 ans, mais n’y a toujours pas été traduit en justice.

« Les poursuites contre Hissène Habré n’ont jamais paru aussi proches » s’est réjoui Reed Brody, conseiller juridique de Human Rights Watch. « En huit mois, le gouvernement de Macky Sall a fait plus pour récompenser la persévérance et la ténacité des victimes que le Sénégal n’avait fait en plus de deux décennies», se félicité Brody, cité dans un communiqué de l’organisation.

Depuis l’élection de Macky Sall à la présidence du Sénégal et la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 20 juillet dernier ordonnant au Sénégal de poursuivre en justice « sans autre délai » ou d’extrader l’ancien dictateur tchadien, des négociations entre l’Union africaine et le Sénégal ont débouché sur un projet de « Chambres extraordinaires africaines » au sein du système judiciaire sénégalais. Les deux parties ont signé en ce sens un accord le 22 août 2012. La ministre de la Justice Aminata Touré a déclaré que le tribunal sera bientôt opérationnel, dès que les juges et autres membres du personnel auront été nommés.

L’adoption par l’Assemblée nationale du statut fait également suite à des accords entre l’Union africaine, le Sénégal et les bailleurs internationaux portant sur le financement du tribunal dont le budget s’élève à 7,4 million d’euros. D’après des informations parues dans la presse, les donateurs seraient le Tchad,  l’Union européenne, les Pays-Bas , l’Union africaine, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Belgique, la France et le Luxembourg.

« Cela fait 22 ans que j’attends de voir Hissène Habré répondre de ses actes », a déclaré Clément Abaïfouta, président de l’Association des victimes de crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH) et qui, en tant que prisonnier politique durant le régime de Habré, fut contraint de creuser des fosses communes pour y enterrer des centaines de ses co-détenus. « Nous allons enfin pouvoir confronter notre bourreau et ainsi redevenir des hommes dignes. », a-t-il conclu.

ER/JC