L'ex-président Ali Bongo, qui dénonce sa séquestration arbitraire au Gabon, entendu par des juges à Paris

Ali Bongo Ondimba, ex-président gabonais, a été entendu mardi à Paris par deux juges d'instruction sur la plainte dans laquelle il dénonce sa "séquestration arbitraire" par le nouveau pouvoir après le coup d'Etat d'août 2023, tandis que sa famille avance des "tortures".

La plainte avec constitution de partie civile avait été déposée en mai 2024 par le chef d'Etat déchu, qui a quitté mi-mai le Gabon pour l'Angola, avec son épouse Sylvia et son fils Noureddin, également plaignants, tout comme deux fils de l'ex-président, Bilal et Jalil.

Ali Bongo Ondimba a été entendu mardi matin comme partie civile - un statut de victime - au tribunal judiciaire de Paris, par deux juges d'instruction spécialisées du pôle Crimes contre l'humanité, selon des sources proches du dossier à l'AFP.

Sollicités, les avocats de la famille Bongo, Mes François Zimeray, Pierre-Olivier Sur, Catalina de la Sota et Clara Gérard-Rodriguez, ont exprimé à l'AFP leur "satisfaction face au travail des juges d'instruction" dans cette information judiciaire ouverte en janvier contre X, pour tortures et actes de barbarie, enlèvement et séquestration en bande organisée.

Selon l'une des sources proches du dossier, "les investigations avancent bien et permettent de trouver des dates, des faits précis et des responsables" des violences dénoncées.

La famille Bongo (le père, Omar, pilier de la Françafrique de 1967 à 2009, puis le fils, Ali) a dirigé pendant 55 ans le Gabon, un petit État d'Afrique centrale riche en pétrole, sous le joug d'une élite accusée par ses opposants de "corruption massive" et de "mauvaise gouvernance".

Ali Bongo avait été renversé le 30 août 2023 par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, puis assigné à résidence dans sa villa de Libreville. Il était "libre de quitter le pays" selon le pouvoir ; "en résidence surveillée" avec "interdiction de quitter sa maison", selon son fils Jalil Bongo.

Les avocats de la famille ont dénoncé, depuis ce putsch, des tortures visant Sylvia et Noureddin Bongo: "électrocution", "simulation de noyade", "étranglement" et "privation de nourriture". "Dix-huit mois à deux sans sortir d'un sous-sol", précise Me Zimeray.

Lors d'une conférence de presse en janvier, Me Zimeray avait indiqué avoir transmis aux magistrates instructrices "une liste de sept ou huit noms de personnes qui ont perpétré ces tortures".

Son confrère, Me Sur, avait affirmé que les juges d'instruction françaises allaient demander aux autorités gabonaises "de faire entendre des personnes" dans le pays.

- Silence -

"Et s'il n'y a pas de retour, (elles procéderont) dans un deuxième temps à des mesures plus coercitives", avait avancé l'avocat, comme "des mandats d'arrêt internationaux".

Le général Oligui, devenu officiellement président du pays mi-avril, avait démenti fin mars toute forme de torture et promis que Sylvia et Noureddin, qui doivent être jugés pour détournement de fonds publics, feraient face à un "procès équitable".

La libération de Sylvia et Noureddine Bongo a provoqué l'émoi sur les réseaux sociaux, alors que le président Oligui, qui avait promis la tenue d'un procès contre les membres de l'ancienne famille présidentielle, ne s'est pas exprimé sur l'affaire.

Le parquet a tenu à préciser que l'épouse et son fils se trouvent actuellement sous un régime de liberté provisoire, en attendant leur procès.

Leur remise en liberté "n'interrompt nullement le cours normal de la procédure qui se poursuivra jusqu'à la tenue d'un procès juste, transparent, équitable et dans les délais raisonnables", avait assuré le procureur général de Libreville, après leur arrivée en Angola.

Victime dans cette procédure, la famille Bongo voit onze de ses membres être mis en cause dans une autre procédure parisienne, sur ses "biens mal acquis" en France.

L'instruction, ouverte en 2010, a été clôturée le 28 mars, et le parquet national financier doit désormais prendre ses réquisitions.

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