Assassinat de journalistes néerlandais au Salvador: les peines des condamnés alourdies

Un tribunal du Salvador a alourdi jeudi de 15 à 60 ans de prison les peines qu'il avait prononcé en juin contre trois ex-militaires pour l'assassinat de quatre journalistes néerlandais en 1982, pendant la guerre civile.

En juin, le tribunal de première instance de Dulce Nombre de Maria, dans le nord du pays, avait condamné les trois accusés à 15 ans de prison chacun. Mais en rendant son jugement écrit jeudi, il a précisé qu'il s'agissait de 15 ans de prison pour chacun des quatre assassinats, soit 60 ans de prison au total.

L'avocat des victimes, Gustavo Huezo, a par la suite expliqué que les condamnés ne devront purger que 30 ans de prison, le maximum prévu par la loi à l'époque des faits.

Les condamnés sont l'ancien ministre de la Défense et général José Guillermo Garcia, 91 ans, ainsi que les colonels à la retraite Francisco Moran, 93 ans, et Mario Adalberto Reyes Mena, 85 ans.

La Cour suprême salvadorienne a approuvé en mars une demande d'extradition de M. Reyes Mena, qui vit aux Etats-Unis. MM. Garcia et Moran sont assignés à résidence dans un hôpital privé de San Salvador. Aucun n'a assisté au procès.

Koos Jacobus Andries Koster, Jan Cornelius Kuiper Joop, Hans Lodewijk ter Laag et Johannes Jan Willemsen avaient été tués le 17 mars 1982 alors qu'ils tournaient un documentaire sur la guerre civile salvadorienne (1980-1992).

L'enquête sur leur mort n'avait commencé qu'en 1993 avec la création, sous les auspices de l'ONU, de la Commission Vérité pour faire la lumière sur les atrocités commises durant la guerre civile. Cette commission a établi qu'ils avaient péri lors d'une embuscade de l'armée dans une zone rurale du département de Chalatenango (nord).

L'affaire a été instruite en 2018, après que la Cour suprême salvadorienne a déclaré inconstitutionnelle en 2016 une loi d'amnistie de 1993 qui pardonnait les crimes de la guerre civile.

Les quatre journalistes travaillaient pour la chaîne néerlandaise IKON TV, créée par des communautés ecclésiales.

Le tribunal a également ordonné à l'Etat salvadorien de demander pardon publiquement à la famille des quatre journalistes "pour le retard de la justice" et parce que "les auteurs principaux" appartenaient au haut commandement militaire. Ces excuses devront être présentées sous 30 jours par le président Nayib Bukele en tant que commandant des forces armées.

La guerre civile au Salvador entre les forces militaires et la guérilla de gauche a fait plus de 75.000 morts et environ 7.000 disparus.

José Guillermo Garcia commandait les armées de 1979 à 1983, années des pires massacres perpétrés par des militaires.

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