Les Brics au défi de l'unité face à Trump et sur le Moyen-Orient

Sans Xi Jinping ni Vladimir Poutine, les Brics devraient, en sommet à Rio de Janeiro, faire front face aux droits de douane imposés par Donald Trump tout en essayant de surmonter leurs divisions sur la situation au Moyen-Orient.

Le groupe des 11 grands pays émergents - dont Brésil, Chine, Inde, Russie et Afrique du Sud - se retrouve dimanche et lundi au bord de la sublime baie de Guanabara, sous les auspices du président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Les négociateurs travaillaient toujours d'arrache-pied vendredi pour parvenir à un projet de communiqué final consensuel.

Les Brics devraient parler d'une même voix pour dénoncer la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump à coup de droits de douane, mais sans citer directement les Etats-Unis, a indiqué à l'AFP une source impliquée dans les négociations.

"On tend vers un sommet au ton prudent: ce sera difficile de citer nommément les Etats-Unis dans la déclaration finale", selon Marta Fernandez, directrice du Brics Policy Center, centre de recherches de l'université catholique PUC de Rio.

La Chine, comme d'autres pays, est en effet "en négociation sur les droits de douane" avec Washington, souligne la chercheuse.

Donald Trump a dit jeudi qu'il envisageait d'envoyer à ses partenaires commerciaux des lettres les informant du taux d'imposition des taxes douanières, qui affecteront des dizaines de pays.

- Durcissement -

Créé dans le but de rééquilibrer l'ordre mondial au bénéfice du "Sud global" face à l'Occident, le groupe des Brics représente près de la moitié de la population mondiale et 40% du PIB de la planète.

Depuis 2023, l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Ethiopie, l'Iran puis l'Indonésie ont rejoint le bloc.

Mais, souligne Marta Fernandez, cette croissance "rend d'autant plus difficile la construction de consensus forts".

Preuve pourrait en être donnée à propos de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

Selon la source impliquée dans les négociations, il n'y avait pas vendredi soir d'accord sur les termes dans lesquels sera évoqué le conflit dans la déclaration finale.

Si les chefs de la diplomatie, réunis en avril à Rio, s'étaient entendus, appelant notamment à la "solution à deux Etats" pour "Israël et la Palestine", les représentants iraniens et d'autres pays ont durci leurs positions après la guerre de 12 jours qui a opposé en juin Israël et l'Iran, bombardé également par les Etats-Unis.

Le président iranien Massoud Pezeshkian sera d'ailleurs absent à Rio.

Plus frappant encore, le président chinois Xi Jinping manquera un sommet des Brics pour la première fois, alors que la Chine est de loin la puissance dominante au sein du groupe.

Autre absent de marque: le Russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre présumé en Ukraine. Mais il s'exprimera par visioconférence, selon le Kremlin.

- "Soumission politique" -

Au-delà des questions géopolitiques, les Brics cherchent à affirmer leur poids économique. Depuis quelques années, l'idée d'une alternative au dollar pour le commerce au sein du groupe est évoquée.

Lula, qui se veut l'un des leaders du "Sud global", s'en est fait l'avocat lors d'un événement vendredi à Rio, tout en reconnaissant que c'était "compliqué" à cause de "problèmes politiques".

Une avancée dans ce domaine paraît en effet peu probable: Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 100% aux pays qui défieraient la domination internationale du billet vert.

"Droits de douane, sanctions et restrictions financières sont utilisés comme instruments de soumission politique", a fustigé l'ex-présidente brésilienne Dilma Rousseff, à la tête de la banque des Brics, vendredi au côté de Lula.

Le Brésil, qui accueillera en novembre la COP30, conférence climat de l'ONU, espère par ailleurs qu'un consensus sera trouvé sur la lutte contre le changement climatique.

En plus de la déclaration finale espérée, doivent en effet être publiés des textes sur le climat, mais aussi sur l'intelligence artificielle et la coopération sanitaire.

Pour ce sommet, la "Cité merveilleuse" est entourée d'un vaste dispositif de sécurité.

Plus de 20.000 militaires seront déployés, un dispositif similaire à celui de la réunion des chefs d'Etat du G20 en novembre, déjà à Rio.

Des avions de chasse équipés de missiles contrôleront l'espace aérien, du jamais vu dans la ville depuis les Jeux olympiques de 2016.

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