09.04.13 - KENYA/CPI - LE KENYA INVESTIT UN PRESIDENT POURSUIVI PAR LA CPI

Arusha, 09 avril 2013 (FH) – La population du Kenya a assisté mardi à l’investiture de son quatrième président Uhuru Kenyatta, élu début mars, dès le premier tour, en dépit de son inculpation par la Cour pénale internationale (CPI).

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Retransmise en direct à la télévision, la cérémonie s’est déroulée dans un stade à une quinzaine de kilomètres de Nairobi, la capitale, en présence de plusieurs chefs d’Etat africains parmi lesquels le Sud-Africain Jacob Zuma, le Rwandais Paul Kagame, l’Ougandais Yoweri Museveni ou encore le Tanzanien Jakaya Kikwete.

« Moi, Uhuru Kenyatta, conscient du poids des responsabilités qui m'incombent en tant que président de la République du Kenya, je jure fidélité et allégeance à la République du Kenya », a-t-il notamment déclaré sous les acclamations de dizaines de milliers de ses partisans qui se trouvaient  dans le stade.

Fils de Jomo Kenyatta, le père de l’indépendance du Kenya, le nouveau chef d’Etat est poursuivi pour crimes contre l’humanité commis dans son pays lors des violences post-électorales de 2007 et 2008.

Lors de sa campagne électorale, l’inculpé qui a jusqu’ici comparu librement devant la CPI, physiquement ou par vidéoconférence, avait appelé ses concitoyens à voter pour lui, en désavouant ainsi sa mise en accusation par cette cour siégeant à La Haye aux Pays-Bas.

Son principal rival, le Premier ministre sortant Raila Odinga, avait en vain tenté de contester les résultats de la présentielle, arguant de fraude.

La victoire d’Uhuru Kenyatta a été validée par la Cour suprême dans un jugement rendu le 30 mars.

Le candidat malheureux s’est alors incliné.

Aujourd’hui âgé de 51 ans, le nouveau président, dont la famille compte parmi les plus riches du Kenya, était vice-Premier ministre et ministre des Finances dans le gouvernement de coalition du président Mwai Kibaki et du Premier ministre Raila Odinga.

Le nouveau vice-président, William Ruto, colistier de Kenyatta, est aussi inculpé par la CPI.

Le procès de Ruto et de son co-accusé, le  journaliste Joshua Sang, devrait s’ouvrir le 28 mai tandis que celui du président a été fixé au 9 juillet.

La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait assuré, avant l’élection, que le processus judiciaire poursuivrait son cours, indépendamment des résultats du scrutin. La question est de savoir si Kenyatta, qui vient d’être investi à la magistrature suprême de son pays, continuera à coopérer avec la CPI, notamment en participant aux audiences le concernant. S’il refuse d’obtempérer aux ordonnances de la Cour, celle-ci pourrait lancer un mandat d’arrêt contre lui.

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