Le Congrès péruvien a approuvé mercredi une loi d'amnistie pour les militaires, policiers et membres des comités d'autodéfense civils poursuivis ou condamnés pour leur participation au conflit armé qui a ensanglanté le Pérou entre 1980 et 2000.
Le texte qui amnistie "les membres des forces armées péruviennes, de la police nationale et des comités d'autodéfense qui ont participé à la lutte contre le terrorisme entre 1980 et 2000" a été adopté, a déclaré Alejandro Cavro, troisième vice-président du Congrès péruvien.
Cette loi, qui doit désormais être promulguée par la présidente Dina Boluarte, amnistie les forces de sécurité et les membres des comités d'autodéfense civils pour les crimes commis pendant le conflit qui les a opposées à la guérilla maoïste du Sentier Lumineux.
Lors du débat ayant précédé le vote, le député socialiste Alex Flores a dénoncé l'amnistie accordée aux militaires et aux policiers qui "ne peut servir de prétexte à l'impunité", a-t-il condamné.
Le Congrès péruvien a adopté le texte avec 16 voix pour et 11 contre.
L'ONG Amnesty International l'avait exhorté à rejeter ce projet de loi, estimant que "ce texte bafouerait le droit à la justice de milliers de victimes d'exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, d'actes de torture et de violences sexuelles".
"Il mettrait également fin à des dizaines d'enquêtes et de poursuites, créant ainsi un précédent d'impunité", avait averti l'ONG.
Fin juin, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) avait également exhorté le Congrès péruvien à rejeter ce projet de loi qui amnistie des "violations graves des droits humains", avait-elle dénoncé.
L'an dernier, le Pérou a promulgué une loi déclarant prescrits les crimes contre l'humanité commis avant 2002, un texte qui a bénéficié à l'ex-président Alberto Fujimori (1990-2000) emprisonné pendant 16 ans pour violations des droits humains avant d'être gracié pour raison humanitaire en décembre 2023.
Il a également profité à des centaines d'autres officiers accusés d'exactions pendant le conflit interne des années 1980 et 1990, qui a fait quelque 69.000 morts et 21.000 disparus selon une commission de vérité et de réconciliation (CVR).