Le président du Conseil des droits de l'homme "regrette" que Washington sanctionne une experte de l'ONU

Le président du Conseil des droits de l'homme de l'ONU a affirmé jeudi à Genève "regretter" que les Etats-Unis aient décidé d'imposer des sanctions à Francesca Albanese, la rapporteure spéciale pour les Territoires palestiniens.

"J'appelle tous les Etats membres de l'ONU à coopérer pleinement avec les rapporteurs spéciaux et les titulaires de mandat du Conseil et à s'abstenir de tout acte d'intimidation ou de représailles à leur encontre", a déclaré l'ambassadeur suisse Jürg Lauber, qui occupe cette année le poste de président du Conseil.

Mme Albanese, qui occupe son poste depuis 2022, fait l'objet de critiques virulentes et demandes de révocation de la part d'Israël et de certains de ses alliés en raison de ses accusations. Elle a accusé Israël de "génocide" depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas du 7-Octobre.

L'Italienne, qui a été nommée par le Conseil des droits de l'homme mais ne parle pas au nom de l'ONU, a affirmé plusieurs fois avoir reçu des "menaces".

"Je regrette la décision du gouvernement des États-Unis d'imposer des sanctions" à son encontre, a indiqué M. Lauber dans un communiqué, soulignant que les rapporteurs "sont un instrument essentiel du Conseil pour remplir son mandat de promotion et de protection de tous les droits humains dans le monde".

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a annoncé mercredi que les Etats-Unis imposeront des sanctions à Francesca Albanese, mettant en cause sur X ses "efforts illégitimes et honteux visant à inciter la Cour pénale internationale à prendre des mesures contre des responsables, des entreprises et des dirigeants américains et israéliens".

Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat a par la suite dénoncé les critiques virulentes formulées par l'experte de l'ONU à l'égard des États-Unis, l'accusant par ailleurs "d'antisémitisme décomplexé" et de "soutien au terrorisme". Il l'accuse aussi d'avoir recommandé à la Cour pénale internationale (CPI) d'émettre des mandats d'arrêt à l'encontre notamment du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Francesca Albanese a présenté en juillet au Conseil des droits de l'homme un rapport dans lequel sont étudiés "les mécanismes des entreprises qui soutiennent le projet colonial israélien de déplacement et de remplacement des Palestiniens", dénonçant notamment des sociétés américaines.

En février, elle avait également dénoncé un projet d'occupation de la bande de Gaza et de déplacement de sa population, annoncé par le président américain Donald Trump, comme "illégal" et "complétement absurde".

Washington n'a pas détaillé les sanctions prises contre l'experte. En juin, les Etats-Unis avaient sanctionné quatre magistrates de la CPI, dont deux ayant autorisé la CPI à émettre des mandats d'arrêt contre Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant.

Les mesures contre les magistrates - interdiction d'entrée sur le sol américain, gel des avoirs détenus aux Etats-Unis - visent d'ordinaire des criminels ou des dirigeants politiques de pays hostiles, plutôt que des magistrats.

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