Les trois quarts des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980, un acte diplomatique désormais réalisé par dix pays depuis le début de la guerre à Gaza.
Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 142 pays sur les 193 membres de l'ONU ont désormais reconnu l'Etat palestinien, en comptabilisant la France après l'annonce jeudi par le président Emmanuel Macron d'une reconnaissance lorsqu'il se rendra en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies.
Ce n'est pas le cas de la plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, de l'Australie et la quasi-totalité des pays d'Océanie, du Japon ou encore la Corée du Sud, ainsi que d'une poignée de pays en Afrique et en Amérique latine.
Retour en trois temps sur ces reconnaissances bilatérales.
- 1988, l'autoproclamation -
Alger, mardi 15 novembre 1988, 00H40 GMT : lors de la première Intifada - soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne - le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, autoproclame "l'établissement de l'Etat de Palestine", avec Jérusalem pour capitale, à la tribune du Conseil national palestinien (CNP) qui tient lieu de Parlement en exil.
Quelques minutes plus tard, l'Algérie devient le premier pays à reconnaître le nouvel Etat.
"La joie palestinienne, le refus israélien et l'attentisme des arabes israéliens ont marqué la première journée de +l'Etat palestinien+", relatait, depuis Jérusalem, l'AFP il y a plus de 36 ans.
Une semaine après, quelque 40 pays, dont la Chine, l'Inde, la Turquie et presque tous les pays arabes, font comme l'Algérie. Puis presque tous les pays du continent africain, sauf deux et ceux du bloc soviétique.
Plus de vingt ans plus tard, en 2010 et 2011 principalement, suivent de nouveaux pays, dont la plupart des pays d'Amérique latine, qui marquent ainsi leur distance sur la scène internationale avec les Etats-Unis, allié d'Israël.
- Un pied à l'ONU -
Sous la présidence de Mahmoud Abbas, successeur d'Arafat mort en 2004, l'Autorité palestinienne, instituée par les accords d'Oslo (1993) sur l'autonomie palestinienne, lance une offensive diplomatique au niveau des institutions internationales.
L'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) ouvre la voie en admettant en octobre 2011 l'Etat de Palestine comme membre à part entière, au grand dam d'Israël et des Etats-Unis.
Surtout, l'Etat de Palestine devient, en novembre 2012, Etat observateur aux Nations unies. A défaut d'un statut de membre à part entière avec droit de vote -- non obtenu depuis --, cela lui donne accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux.
Forts de ce statut, les Palestiniens rejoignent en 2015 la Cour pénale internationale (CPI), ce qui permet l'ouverture d'enquêtes sur des opérations militaires israéliennes dans les Territoires palestiniens. Les Etats-Unis et Israël dénoncent cette décision.
- Regain depuis la guerre à Gaza -
La guerre dans la bande de Gaza, déclenchée après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a ravivé les velléités à reconnaître l'Etat de Palestine.
Quatre pays des Caraïbes (Jamaïque, Trinité-et-Tobago, Barbade et Bahamas) et l'Arménie ont franchi ce pas diplomatique en 2024.
De même que quatre pays européens: la Norvège, ainsi que l'Espagne, l'Irlande et la Slovénie, tous trois membres de l'UE.
Dans l'Union européenne, c'était une première depuis dix ans et le coup d'éclat de la Suède, qui, sur fond d'impasse pour résoudre le conflit israélo-palestinien, reconnaît en 2014 l'Etat de Palestine, lui valant des années de relations houleuses avec Israël. D'autres Etats-membres, comme la Pologne, la Bulgarie ou la Roumanie, l'avaient déjà fait, mais en 1988, bien avant de rejoindre l'UE. En revanche, certains anciens pays de l'Est, comme la Hongrie ou la République tchèque, considèrent eux ne pas ou ne plus reconnaître aujourd'hui l'Etat de Palestine.
Plusieurs autres pays pourraient à leur tour faire officiellement acte de reconnaissance. Malte, l'Australie, le Canada en ont évoqué la possibilité. Sans franchir le pas. Une conférence de l'ONU sur la question palestinienne est prévue à partir du 28 juillet.
bur-maj/ang/cbn
CNP - COMPAGNIE NATIONALE A PORTEFEUILLE