Gaza : la malnutrition touche un quart des jeunes enfants examinés par MSF la semaine dernière

Un quart des enfants âgés de six mois à cinq ans et des femmes enceintes et allaitantes examinés la semaine dernière dans les installations de Médecins sans frontières (MSF) dans la bande de Gaza souffrent de malnutrition, a dénoncé vendredi cette ONG.

De manière plus générale, environ un tiers des habitants de ce territoire palestinien ne mangent pas pendant des jours et la malnutrition est en forte augmentation, a de son côté déploré le même jour le Programme alimentaire mondiale (PAM), l'agence de l'ONU s'occupant de l'aide alimentaire.

"La crise alimentaire à Gaza a atteint des niveaux de désespoir sans précédent. Près d'une personne sur trois ne mange pas depuis plusieurs jours. La malnutrition est en forte augmentation, avec 90.000 femmes et enfants ayant besoin d'un traitement urgent", a écrit le PAM dans un communiqué transmis à l'AFP

"L'utilisation délibérée de la faim comme arme de guerre par les autorités israéliennes à Gaza a atteint des niveaux sans précédent, les patients et les professionnels de santé souffrant eux-mêmes de la faim", a pour sa part alerté MSF dans un communiqué.

- "Famine délibérée" -

Caroline Willemen, la coordinatrice de projet à la clinique MSF dans la ville de Gaza, explique que "désormais 25 nouveaux patients souffrant de malnutrition chaque jour" sont enregistrés.

Dans cette clinique, le nombre des personnes souffrant de malnutrition a quadruplé depuis le 18 mai et le taux de malnutrition sévère chez les enfants de moins de cinq ans a triplé au cours des deux dernières semaines.

"Il s'agit d'une famine délibérée, provoquée par les autorités israéliennes dans le cadre de la campagne génocidaire en cours. Affamer, tuer et blesser des personnes qui cherchent désespérément de l'aide est inacceptable", dénonce MSF.

Une porte-parole de cette ONG, Yvonne Eckert, a expliqué à l'AFP que, la semaine dernière, ses équipes dans la bande de Gaza avaient "inscrit environ 600 nouveaux enfants de moins de cinq ans auprès des programmes AFTC (centres nutritionnels thérapeutiques ambulatoires, NDLR)".

Israël, dont l'offensive a débuté au lendemain de l'attaque le 7 octobre 2023 sur son territoire du mouvement islamiste palestinien Hamas, fait face à une pression internationale croissante concernant la situation humanitaire dramatique dans la bande de Gaza. Les Israéliens y ont très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.

Israël accuse de son côté le mouvement islamiste Hamas d'exploiter la souffrance des civils, notamment en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l'aide.

- "Crimes de guerre" -

Pendant ce temps, avertit MSF, "les attaques se poursuivent sur les sites de distribution alimentaire, où le mécanisme de distribution sponsorisé par les autorités israéliennes à travers la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), tue de façon répétée les personnes qui cherchent désespérément à obtenir de l'aide".

L'ONU a accusé mardi l'armée israélienne d'avoir tué dans la bande de Gaza depuis fin mai plus de 1.000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, dont la grande majorité près de centres de cette fondation, soutenue aussi par les Etats-Unis.

"Ces distributions alimentaires ne sont pas de l'aide humanitaire, ce sont des crimes de guerre commis au grand jour et sous couvert de compassion. Ceux qui se rendent aux distributions alimentaires de la GHF savent qu'ils ont autant de chances de recevoir un sac de farine que de repartir avec une balle dans la tête", s'insurge le Dr Mohammed Abu Mughaisib, le coordinateur médical adjoint de MSF dans la bande de Gaza.

En plus des personnes blessées sur les sites de distribution de la GHF, les équipes de MSF ont soigné des dizaines de personnes blessées par les militaires israéliens pendant qu'elles attendaient le passage de camions transportant de la farine.

Le 20 juillet, les équipes médicales de MSF et du ministère de la Santé dans la clinique Sheikh Radwan du nord de la bande de Gaza ont soigné 122 personnes blessées par balle alors qu'elles attendaient une distribution de farine et 46 personnes étaient déjà mortes à leur arrivée.

Le 3 juillet, un employé de MSF a été tué dans un incident similaire à Khan Younès.

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