Deux organisations belges exigeant des actions concrètes contre Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza ont assigné l'Etat belge en justice, face au constat de l'impuissance de l'Union européenne à sanctionner le gouvernement de Benjamin Netanyahu, a indiqué vendredi leur avocat.
Une première audience de procédure a eu lieu vendredi matin devant un juge des référés à Bruxelles, et les plaidoiries ont été fixées au 15 septembre, a précisé à l'AFP cet avocat, Vincent Letellier.
"Sauf rebondissement il ne sera pas possible pour l'Union européenne de suspendre l'accord d'association avec Israël (...), il faut maintenant que les pays soient mis sous pression par leurs électeurs et par les tribunaux", a-t-il déclaré.
Les plaignants sont l'Association belgo-palestinienne (ABP) et la Coordination nationale d'action pour la paix et la démocratie (CNAPD), deux ONG bruxelloises auxquelles se sont joints deux exilés palestiniens.
Ils exigent la fermeture de l'espace aérien belge à tout avion transportant vers Israël du matériel militaire, ou à possible usage militaire, et que soit imposée à la Belgique l'interdiction d'importer des biens et produits venant des colonies de Cisjordanie.
Est également réclamé au juge des référés qu'il contraigne l'Etat belge à dénoncer l'accord d'association UE-Israël, pour violation des droits humains par le partenaire israélien.
Selon Me Letellier, une disposition de cet accord, en vigueur depuis 2000, permet à chacun des 27 pays membres de l'UE de le dénoncer moyennant un préavis de six mois, "sans justification".
Sollicité par l'AFP, le gouvernement belge n'avait pas réagi dans l'immédiat.
Dans un rapport présenté fin juin aux 27, la Commission européenne a estimé qu'Israël violait l'article 2 de l'accord relatif au respect des droits humains, ce qui ouvre théoriquement la voie à sa suspension.
Mais les capitales de l'UE sont divisées sur le sujet. Depuis un mois aucun accord n'a pu se dégager sur une série d'options préparées par l'exécutif européen : interdiction des exportations en provenance des territoires palestiniens occupés, révision de la politique de visas ou encore suspension de la partie commerciale de l'accord d'association.
Une quarantaine d'anciens ambassadeurs de l'UE ont fustigé "l'inaction" de l'Europe face au "massacre" à Gaza.
Parallèlement à l'action des ONG bruxelloises, une association pacifiste flamande, Vredesactie, a saisi récemment les tribunaux belges de plusieurs plaintes pour stopper l'envoi de matériel militaire vers Israël.
L'une d'elles a conduit un juge à ordonner à la mi-juillet à la région flamande de bloquer dans le port d'Anvers une cargaison jugée suspecte.
Vredesactie s'en est également pris au transporteur américain Fedex, accusé de faire transiter par un aéroport belge des pièces détachées pour les avions de chasse F-35 "impliqués dans les crimes de guerre dans la bande de Gaza". Une enquête judiciaire a été ouverte à Liège.