La Cour pénale internationale a reporté lundi "jusqu'à nouvel ordre" une audience visant l'ex-président philippin Rodrigo Duterte, accusé de crime contre l'humanité, le temps que les juges évaluent son aptitude à y participer.
M. Duterte devait comparaître devant la CPI le 23 septembre pour entendre des accusations de meurtres commis pendant sa campagne contre les consommateurs et trafiquants de drogue, qui a fait des dizaines de milliers de morts, selon des ONG de défense des droits humains.
Mais la cour, qui siège à La Haye, a décidé d'ajourner l'audience jusqu'à ce qu'elle puisse statuer sur une requête de la défense selon laquelle l'octogénaire n'est "pas apte à être jugé".
"Le litige concernant l'aptitude de M. Duterte à participer à la procédure préliminaire est en cours, en lien avec la demande d'ajournement de la défense", a indiqué la cour dans un communiqué.
La CPI a donc décidé qu'un "report limité de l'audience de confirmation des charges est justifié afin de laisser suffisamment de temps pour statuer" sur la demande de la défense.
Ce report sera "limité au temps strictement nécessaire pour déterminer si M. Duterte est apte à suivre et à participer à la procédure préliminaire", a déclaré la CPI.
L'ex-président philippin a été arrêté à Manille le 11 mars, transporté par avion aux Pays-Bas la nuit même et est détenu depuis au centre de détention de la CPI.
M. Duterte est accusé du crime contre l'humanité de meurtre dans le cadre d'une "attaque généralisée et systématique dirigée contre la population civile aux Philippines".
Lors de sa première audience, il a été entendu par visioconférence, apparaissant fragile, parlant à peine.
Il est le premier ancien chef d'État asiatique inculpé par la CPI.
Une avocate représentant les familles des victimes de la "guerre contre la drogue" menée par M. Duterte a déclaré que les victimes étaient "déçues" par la décision de la CPI.
"Nous nous attendions à ce que Duterte agisse ainsi, mais le fait qu'il ait réussi à convaincre la chambre préliminaire de reporter l'audience sine die est inquiétant", a déclaré Kristina Conti à l'AFP.
"Certains d'entre nous étaient très en colère, car il y avait un calendrier et tout le monde était prêt", a-t-elle ajouté.
Mme Conti a exhorté les juges de la CPI à ne pas croire aux "mensonges" et à tenir le procès.