La République démocratique du Congo a lancé mardi à l'ONU sa "campagne" pour la reconnaissance du "génocide" des Congolais dans l'est de la RDC, déplorant que l'organisation internationale ne l'ait pas encore reconnu.
"Nous sommes en campagne pour (...) que le monde brise son silence. Nous avons commencé à Genève, nous irons à New York" pour que les dirigeants "se rendent compte que ce qui se passe en RDC mérite d'être nommé", a déclaré le ministre des droits de l'homme de RDC, Samuel Mbemba, en conférence de presse.
"On n'ose pas prononcer le mot génocide", a-t-il dit, affirmant qu'il s'agit de faits qui existent depuis une trentaine d'années.
L'est de la RDC, région riche en ressources naturelles, notamment en minerais, à la frontière du Rwanda est déchirée par les conflits depuis 30 ans. Les violences se sont intensifiées début 2025.
Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, et les troupes rwandaises se sont emparés en janvier de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, puis de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, en février.
Une enquête de l'ONU a fait état la semaine dernière de possibles de crimes de guerre et crimes contre l'humanité "commises par toutes les parties", le M23 soutenu par le Rwanda et l'armée congolaise ou affiliés.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, l'a rappelé mardi lors d'une réunion sur la RDC au Conseil des droits de l'homme.
"Je me vois obligé de relever que le Haut-Commissaire aurait pu, sur la base de ses propres constatations, aller jusqu'à qualifier les faits en génocide", lui a répondu M. Mbemba, dénonçant "des crimes massifs et systématiques" commis "par le Rwanda et ses supplétifs".
"Les derniers en date remontent à juillet, où près de 300 compatriotes ont été sauvagement massacrés dans le Rutshuru", a-t-il relevé. Il a également cité l'ONG Human Rights Watch qui a accusé le M23 d'avoir exécuté sommairement plus de 140 civils en juillet, majoritairement hutu.
Après trois mois de pourparlers au Qatar, le M23 et la RDC ont signé en juillet un accord de cessez-le-feu, avant de lancer des négociations en vue d'un accord de paix global.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya a jugé mardi que la "campagne" pour la reconnaissance du génocide n'était "pas incompatible" avec le processus de paix en cours à Doha.