Niger: HRW appelle les autorités à mieux protéger les civils contre l'Etat islamique

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a exhorté mercredi les autorités nigériennes à "faire plus pour protéger" les civils de la région du Tillabéri (ouest), ciblés depuis mars par une série d'attaques meurtrières de l'Etat islamique au Sahel (EIS).

Le Niger est dirigé par une junte militaire avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani, arrivé au pouvoir lors d'un coup d'Etat en juillet 2023.

Le pays fait face à des attaques jihadistes meurtrières de Boko Haram, près du lac Tchad (est) mais aussi de groupes liés à Al-Qaida et à l'Etat islamique dans sa partie ouest, dans la région de Tillabéri.

Dans cette zone proche du Burkina Faso et du Mali, deux pays aussi touchés par les violences jihadistes, HRW estime que l'EIS a "exécuté sommairement" plus de 127 villageois et croyants musulmans lors de cinq attaques répertoriées depuis mars.

L'une des plus meurtrières s'est déroulée le 21 juin dans une mosquée du village de Manda, où les jihadistes de l'EIS ont ouvert le feu sur des pratiquants, tuant plus de 70 personnes.

"Il y avait des corps partout, les uns sur les autres", témoigne auprès de HRW une habitante de 77 ans qui déclare avoir perdu trois fils dans cette attaque.

D'autres témoignages recueillis par l'ONG font état de corps, notamment d'enfants, criblés de balles.

Les attaques documentées n'ont pas été revendiquées, mais les témoins accusent les jihadistes de l'EIS, identifiables grâce à leurs turbans à bandes rouges, dit l'ONG.

Par ailleurs, avant chacune de ces attaques, l'EIS avait menacé les communautés ciblées, les accusant notamment de collaborer avec l'armée nigérienne, ont rapporté des habitants à HRW.

Selon d'autres témoins interrogés par l'ONG, l'armée nigérienne "n'a pas répondu de façon adaptée aux avertissements, ignorant les demandes de protection des villageois."

"Malgré les alertes, l'armée échoue continuellement à protéger les villageois", estime HRW.

"Les autorités nigériennes doivent faire plus pour protéger les habitants de la région de Tillabéri" des "atrocités" commises par les groupes armés islamistes, a appelé Ilaria Allegrozzi, chercheuse spécialisée sur le Sahel pour HRW.

"Ces attaques violent le droit international humanitaire et sont des crimes de guerre manifestes", dénonce l'ONG, appelant les autorités à "poursuivre de façon appropriée" leurs auteurs.

Selon l'ONG Acled qui recense les victimes de conflits dans le monde, citée par HRW, l'EIS a tué environ 1.600 civils nigériens depuis le coup d'Etat militaire de juillet 2023.

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