Motion de défiance contre la directrice de la rédaction de Marianne

Les journalistes de Marianne ont voté jeudi une motion de défiance contre la directrice de la rédaction de l'hebdomadaire, Eve Szeftel, à qui ils reprochent notamment "des prises de position dénaturant l'identité profonde du titre", ce dont elle se défend.

La motion a été adoptée par 37 voix contre 15, et 3 abstentions, a indiqué la Société des rédacteurs de Marianne.

Dans un message à la rédaction consulté par l'AFP, Eve Szeftel indique qu'elle va "continuer à défendre le pluralisme dans les pages du journal et faire droit au souci des faits et à la complexité que nos lecteurs attendent".

Le propriétaire du magazine, CMI France, la soutient. Dans un communiqué, il "renouvelle sa confiance à l'équipe dirigeante et lui demande de poursuivre sa mission de redressement en renforçant le dialogue avec la rédaction".

La motion rappelle qu'"après avoir renoncé à vendre Marianne, le groupe CMI (son propriétaire, ndlr) a pris la décision de nommer Eve Szeftel à la tête du journal afin de repositionner sa ligne éditoriale".

Mais les journalistes dénoncent de sa part "des prises de position dénaturant l'identité profonde du titre, en particulier son caractère +non-aligné+ et son indépendance d'esprit", au travers de Unes et d'éditoriaux, ainsi que "des manquements graves et répétés à l'éthique journalistique, spécialement concernant la couverture du conflit israélo-palestinien et des crimes de guerre à Gaza".

Ils dénoncent également "un management brutal" et "des compétences insuffisantes".

Contrôlé par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, CMI France (Elle, Franc-Tireur, la nouvelle chaîne T18...) avait échoué à deux reprises en 2024 à vendre Marianne au milliardaire conservateur Pierre-Edouard Stérin et à l'entrepreneur Jean-Martial Lefranc.

CMI France s'est par la suite engagé à conserver le titre et à "maintenir" un magazine "qui défende les valeurs républicaines, sociales et laïques", avec une nouvelle direction aux manettes.

Le journaliste Frédéric Taddeï a remplacé depuis mars Natacha Polony à sa tête, et Ève Szeftel, journaliste venue de Libération et ancienne de l'AFP, a été recrutée début janvier comme directrice de la rédaction.

Un dispositif de clause de conscience, permettant de quitter un média avec des indemnités en cas de désaccord avec une ligne éditoriale, est ouvert depuis début 2025 et jusqu'à décembre, et une vingtaine de journalistes sont partis. Des recrutements sont en cours.

Le vote de cette motion de défiance intervient après le vote d'une autre le 9 septembre à l'échelle de CMI France, contre la direction du groupe dont la gestion est dénoncée.

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