28.08.14 - MALI/CRIMES - NÉGOCIATIONS INTER-MALIENNES : « PAS D'AMNISTIE POUR LES CRIMES INTERNATIONAUX », DEMANDENT DES ONG

Arusha, 28 août 2014 (FH) - Une vingtaine d'organisations non gouvernementales mobilisées par la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme et l'Association malienne des droits de l'Homme (AMDH) demandent que le processus de paix inter-malien exclue toute forme d'amnistie pour les crimes internationaux perpétrés dans le pays. Les pourparlers de paix entre le gouvernement malien et les groupes armés doivent reprendre le 1er septembre à Alger.

1 min 41Temps de lecture approximatif

Dans leur « manifeste pour un accord de paix respectueux des droits des victimes », les 22 organisations recommandent aux parties « d'exclure toute amnistie pour les crimes internationaux , y compris les violences sexuelles et l'enrôlement d'enfants soldats, conformément au Traité de Rome auquel le Mali est partie ». Le Traité de Rome est le texte fondateur de la Cour pénale internationale (CPI) qui mène depuis janvier 2013 une enquête sur la situation au Mali.Les signataires appellent les négociateurs à « s'engager à respecter les procédures judiciaires pour ces crimes y compris la mise à disposition des individus (suspects) aux justices nationale et internationale ».Aux autorités maliennes, les 22 organisations demandent de « prendre des mesures appropriées en vue de s'assurer que les responsables des crimes soient poursuivis, jugés et condamnés le cas échéant ». Ceci signifie, selon ce manifeste, que l'Etat doit « garantir les droits des victimes à la justice, à la vérité et à la réparation ». Un appel est également lancé à la communauté internationale exhortée à « accompagner la mise en place de la commission d'enquête internationale sur les crimes commis en vue d'entreprendre des enquêtes indépendantes et impartiales sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire ». Ces organisations sont, en effet, convaincues que « l'impunité est l'une des causes des différentes rébellions que le Mali a connues, ayant pour corollaire de nombreuses et graves violations des droits de l'Homme ». « Rappelant que la lutte contre l'impunité est l'un des éléments essentiels d'une véritable réconciliation nationale et un gage de prévention de la vengeance », elles condamnent la libération de dizaines de suspects dont Houka Houka Ag Alfousseïni, ancien juge islamique de Tombouctou. Ce dernier a été libéré par les autorités maliennes le 15 août dans le cadre du processus de paix en cours, alors qu'il était accusé d'avoir ordonné, entre autres, des amputations, lapidations, flagellations et arrestations arbitraires lors des dix mois durant lesquels le nord du pays était sous le contrôle des groupes islamistes armés. La FIDH et l'AMDH avaient qualifié cette libération de « véritable atteinte à l'indépendance de la justice » et de « violation flagrante des droits des victimes à la justice et à la vérité».ER