Plusieurs élus démocrates au Congrès américain ont réclamé jeudi que les gouvernements israélien et américain enquêtent sur l'attaque de l'armée israélienne contre des journalistes en 2023 dans le sud du Liban, qui a tué un reporter de Reuters et en a blessé d'autres, dont deux de l'AFP.
"Nous attendons du gouvernement israélien qu'il mène une enquête conforme aux normes internationales et fasse rendre des comptes à ceux qui ont fait cela", a déclaré le sénateur Peter Welch lors d'une conférence de presse devant le Capitole de Washington, en présence de Dylan Collins, journaliste américain de l'AFP blessé par des éclats d'obus dans cette attaque.
Le 13 octobre 2023, une frappe avait tué le vidéaste de l'agence Reuters, Issam Abdallah, et blessé six autres reporters, dont deux de l'AFP, Dylan Collins et Christina Assi, amputée de la jambe droite.
Une enquête indépendante menée par l'AFP a conclu que deux tirs d'obus de char israéliens de 120 mm provenaient de la zone de Jordeikh dans le nord d'Israël, frontalier du sud du Liban.
Ces conclusions ont été corroborées par d'autres investigations internationales, notamment de Reuters, du Comité pour la protection des journalistes, de Human Rights Watch, d'Amnesty International et de Reporters sans frontières.
En octobre, l'AFP avait réclamé une enquête "complète et transparente" aux autorités israéliennes, après avoir reçu une réponse de l'armée disant que l'incident était "en cours d'examen" et que les conclusions n'avaient "pas encore été établies".
Peter Welch a affirmé tenter depuis deux ans d'obtenir des réponses sur cette attaque de la part d'abord de l'administration Biden, puis de l'administration Trump, ainsi que du gouvernement israélien, sans succès.
"Nous avons fait tout ce que nous pouvions faire raisonnablement pour obtenir des réponses et que des comptes soient rendus", a-t-il déclaré, déplorant avoir été ignoré "à chaque occasion".
Selon l'élu du Vermont, l'armée israélienne affirme avoir mené une enquête mais n'a jamais interrogé les victimes ou témoins de l'attaque. Le gouvernement israélien a ensuite affirmé auprès des services du sénateur que cette enquête était à présent close.
L'armée israélienne "n'a fait aucun effort, aucun, pour enquêter sérieusement", a dénoncé Peter Welch.
"Malheureusement, cela correspond à un schéma récurrent" dans lequel l'armée israélienne "va prétendre avoir ouvert une enquête, mais dont rien ne découlera", a-t-il ajouté.
Dylan Collins a demandé que le gouvernement américain reconnaisse publiquement l'existence de cette attaque dont un de ses citoyens a été victime.
"Mais je voudrais également qu'il mette la pression sur son plus grand allié au Moyen-Orient, le gouvernement israélien, pour faire rendre des comptes aux auteurs", a déclaré le journaliste en marge de la conférence de presse, dénonçant à l'instar des élus présents un "crime de guerre".
La députée démocrate Becca Balint a affirmé de son côté que les élus ne "lâcheraient pas" l'affaire.
"Nous continuerons à demander des comptes pour cet acte délibéré de violence contre une presse libre", a déclaré l'élue.
