Birmanie: du coup d'Etat de 2021 aux élections législatives

Le 1er février 2021, des militaires menés par le général Min Aung Hlaing mettent fin à dix ans d'une fragile ouverture démocratique en Birmanie en renversant le gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), dont ils emprisonnent la dirigeante Aung San Suu Kyi.

Le pays d'Asie du Sud-Est est depuis miné par une guerre civile entre la junte dirigée par le général Min Aung Hlaing et de multiples groupes rebelles.

Les militaires organisent à partir de dimanche des élections législatives en plusieurs phases, qu'ils présentent comme une voie vers la réconciliation nationale et le retour de la démocratie.

Mais des observateurs internationaux y voient un prétexte pour que le régime militaire garde la main, et des groupes ethniques armés ont promis de bloquer le scrutin dans des régions qu'ils contrôlent.

Voici les principaux développements qui ont émaillé ces cinq dernières anées.

- Coup d'Etat -

Le 1er février 2021, l'armée arrête la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.

Le putsch, justifié selon les militaires par des fraudes massives lors des élections de novembre 2020 remportées largement par la LND, soulève un vent de protestations internationales, avec des sanctions américaines contre le chef de la junte.

- Fronde et répression -

Des dizaines de milliers de personnes manifestent en Birmanie, mais le 9 février, la police ouvre le feu et fait ses premières victimes.

D'énormes manifestations éclatent dans tout le pays, exigeant le retour à la démocratie.

La junte réprime à balles réelles les protestations, tuant plus de 800 civils entre février et juin, notamment lors de la journée la plus meurtrière du 27 mars, dite "Journée des forces armées".

Une grève générale est suivie par des dizaines de milliers de travailleurs, fonctionnaires, enseignants, médecins...

- Résistance et intensification du conflit -

A partir du printemps 2021, la résistance à la junte se structure, avec des groupes de défense populaire et des groupes ethniques armés.

Le 16 avril, des députés déchus forment avec des représentants de minorités ethniques un "gouvernement d'unité nationale", mais fantôme.

Le conflit armé s'étend, avec la prise de territoires par les forces anti-junte. Le 31 mars, une faction rebelle dans l'est du pays attaque une base militaire, qui riposte par des raids aériens, une première depuis plus de 20 ans dans cette région.

Les combats dans les régions rebelles provoquent le déplacement de dizaines de milliers de civils, dont de nombreux se réfugient en Thaïlande.

- Réactions internationales -

L'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), dont la Birmanie est membre, a beau tenter de rétablir le dialogue entre les parties au conflit, très peu de progrès sont réalisés.

Aux Nations unies, malgré les condamnations, la Russie et la Chine, alliées historiques de la Birmanie, bloquent toute perspective de résolutions contraignantes et de sanctions économiques internationales.

Le 15 mars 2022, l'ONU dénonce des tueries de masse en Birmanie, accusant l'armée de possibles crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

- Procès Suu Kyi -

Le procès contre l'icône de la démocratie birmane s'ouvre en juin 2021 et dure 18 mois.

Le 30 décembre 2022, celle qui aura passé des dizaines d'années en prison ou en résidence surveillée est condamnée au total à 33 années d'emprisonnement, une peine réduite plus tard à 27 ans.

- Prisonniers libérés -

Le 18 novembre 2022, la junte libère près de 6.000 prisonniers, dont une ancienne ambassadrice britannique, un journaliste japonais et un conseiller australien du gouvernement de Suu Kyi.

Pour l'anniversaire de l'indépendance birmane du colonisateur britannique, le 4 janvier 1948, quelque 7.000 puis 9.000 prisonniers sont libérés en 2023 et 2024.

- Offensive rebelle et séisme -

A partir d'octobre 2023, une alliance de groupes rebelles lance l'"opération 1027" et s'empare de toujours plus de territoires, au prix d'une intensification des bombardements militaires et de plus en plus de victimes civiles.

Début 2025, des observateurs estiment que la junte contrôle à peine la moitié du pays, plongé dans une grave situation humanitaire.

Le 28 mars, un séisme à Sagaing, dans le centre, tue quelque 3.800 personnes. Ses dégâts sont estimés à 11 milliards de dollars, soit l'équivalent de 14% du PIB, selon la Banque mondiale, mettant davantage à genoux un pays sinistré par la guerre civile.

burs-nr/sdu

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