Syrie: deux morts en marge de manifestations de la communauté alaouite

Des manifestations alaouites, organisées après l'attaque meurtrière d'une mosquée visant cette communauté musulmane, ont dégénéré dimanche en Syrie, des affrontements entre forces de sécurité et manifestants faisant deux morts, selon une ONG et une source médicale.

Les forces de l'ordre ont tué deux personnes en dispersant un rassemblement dans la ville côtière de Lattaquié, a indiqué à l'AFP l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni et disposant d'un vaste réseau de sources dans le pays.

Un hôpital de la zone a reçu deux corps, a rapporté une source médicale.

Les autorités n'ont de leur côté pas confirmé avoir ouvert le feu sur des manifestants, mais ont dit avoir "maîtrisé la situation" et accusé des partisans de l'ancien président Bachar al-Assad d'avoir attaqué les forces de sécurité.

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue dimanche pour réclamer la fin des violences contre la communauté alaouite, après l'attaque d'une mosquée qui a fait huit morts vendredi à Homs, dans le centre du pays.

"Assad est parti et nous ne soutenons pas Assad... Pourquoi cette tuerie?", s'interroge Numeir Ramadan, un marchand de 48 ans.

"Pourquoi ces actions aléatoires ont-elles lieu, sans aucune dissuasion, responsabilité ou surveillance?", ajoute-t-il.

- "Violation flagrante" -

La minorité alaouite, une branche de l'islam chiite dont est issu Bachar al-Assad, sont la cible d'attaques depuis qu'une coalition islamiste a pris le pouvoir à Damas fin 2024.

Outre Lattaquié, des échauffourées ont également eu lieu à Homs, d'après l'OSDH, qui a fait état de plusieurs blessés.

Le dignitaire Ghazal Ghazal, président du Conseil islamique alaouite en Syrie et à l'étranger, a condamné "une violation flagrante" de la liberté d'expression, dénonçant "l'oppression" du nouveau pouvoir syrien.

"Nous appelons notre peuple à rester en sécurité et à rentrer chez lui", a-t-il écrit sur Facebook.

C'est lui qui avait lancé samedi l'appel à manifester, pour "montrer au monde que la communauté alaouite ne pouvait pas être humiliée ou marginalisée", après un rassemblement similaire en novembre.

"Nous ne voulons pas d'une guerre civile, nous voulons un fédéralisme politique. Nous ne voulons pas de votre terrorisme. Nous voulons décider de notre propre destin", avait-il commenté.

Son visage s'affichait dimanche sur des photos brandies par la foule, qui a entonné des chants appelant à davantage d'autonomie.

"Notre première revendication est le fédéralisme afin de mettre fin au bain de sang. On nous tue parce que nous sommes alaouites", déplore Hadil Saleh, femme au foyer de 40 ans.

Saraya Ansar al-Sunna, un groupuscule extrémiste sunnite peu connu, a revendiqué l'attentat de vendredi sur Telegram, jurant de poursuivre les attaques ciblant "les infidèles et apostats".

En mars, des massacres sur le littoral avaient fait plus de 1.700 morts, essentiellement des alaouites, après des affrontements entre forces de sécurité et partisans de Bachar al-Assad, selon l'OSDH.

Une commission nationale d'enquête avait recensé au moins 1.426 morts, pour la plupart des civils.

Dimanche, les manifestants ont par ailleurs réclamé la libération de détenus issus de la communauté alaouite.

Selon la télévision d'Etat syrienne, 70 d'entre eux ont été remis en liberté il y a deux jours "après qu'il ait été prouvé qu'ils n'étaient pas impliqués dans des crimes de guerre", et d'autres libérations sont attendues.

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