Retrouvées dans des fosses communes et identifiées depuis le dernier anniversaire, ces dépouilles doivent être enterrées au mémorial de Potocari près de Srebrenica, où les cercueils ont auparavant été disposés pour permettre aux proches de se recueillir.
Veuves ou filles de certains des plus de 8.000 hommes et adolescents exécutés en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie, des femmes pleurent, consolées par des proches. D'autres sont accroupies près des cercueils, en caressant l'étoffe verte ou y posant une fleur.
"Mon frère est ici", dit Ajkuna Jakubovic, 62 ans, en montrant un cercueil. "Il y a sept ans, on nous a dit que seuls deux os avaient été trouvés dans une forêt, puis on a trouvé récemment encore quelques restes et on a décidé d'enterrer ce qu'on a trouvé. La douleur est immense", confie cette femme venue avec sa soeur enterrer leur frère Sabit Krdzic.
A proximité, quelques hommes s'agenouillent et prononcent une prière. Plus loin, des familles attendent près des tombes creusées où les cercueils seront portés après la prière du midi qui sera prononcée par le grand mufti bosnien, Husein Kavazovic.
Selon les chiffres du Mémorial de Srebrenica, ce massacre a coûté la vie à 8.372 hommes, exécutés en quelques jours, cinq mois mois avant la fin de la guerre intercommunautaire en Bosnie (1992-95).
"Plus de mille personnes sont toujours recherchées", a déclaré à l'AFP Lejla Cengic, porte-parole de l'Institut bosnien pour les personnes disparues. A ce jour, quelque 6.300 victimes du massacre ont été enterrées au mémorial de Srebrenica et 230 sur d'autres cimetières, selon la même source.
Les restes de 350 personnes n'ont pas été inhumés, soit parce qu'elles n'ont pas été identifiées, soit faute d'accord des familles. Les morts de Srebrenica ont été retrouvés dans 77 fosses communes, a précisé Mme Cengic.
L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été condamné en mars par la justice internationale à 40 ans de prison pour crimes de guerre en Bosnie, et a notamment été reconnu coupable de génocide à Srebrenica.
Soupçonné d'avoir ordonné ces massacres, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, l'ex-général Ratko Mladic est actuellement jugé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye.