"Génocide" en Namibie: des tribus dénoncent "une insulte" de l'Allemagne

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Deux peuples de l'actuelle Namibie ont dénoncé vendredi une "insulte phénoménale" de l'Allemagne à propos de sa volonté de s'excuser pour le génocide des Héréro et Nama au début du XXe siècle tout en refusant des réparations.

Berlin et Windhoek négocient actuellement une déclaration commune dans laquelle l'Allemagne va s'excuser des massacres dans son ancienne colonie africaine. Mais Berlin considère ne pas avoir à verser de dédommagements compte tenu de l'aide au développement versée à la Namibie depuis son indépendance de l'Afrique du Sud en 1990.

Dès lors, les représentants des deux peuples ont indiqué vendredi à Berlin qu'ils rejetteraient ces excuses.

Cela "serait une insulte phénoménale non seulement à l'intelligence des Namibiens et aux descendants des communautés victimes mais aussi à celle des Africains en général", a dénoncé lors d'une conférence de presse Vekuii Rukoro, chef du peuple héréro, faisant valoir que l'Allemagne a dû payer des réparations en raison de l'holocauste.

"Parce que nous avons une couleur de peau différente, le gouvernement allemand nous dit : +des excuses et un point c'est tout+", a-t-il ajouté, "les Héréro et Nama de Namibie sont des victimes de génocide et même dans 100 ans nous n'accepterons pas ça".

En juillet, le président de la chambre des députés allemands, Norbert Lammert, avait reconnu que son pays avait mené une "guerre raciale" en Namibie à l'époque Afrique allemande du Sud-Ouest (1884-1915).

Des dizaines de milliers de Héréro et Nama sont morts au combat, mais aussi de maladies et de privation d'eau et de nourriture.

Privés de leurs terres, de leur bétail et de tout moyen de subsistance par des colons allemands et pressurés par l'administration coloniale, les Héréro s'étaient révoltés le 12 janvier 1904, massacrant 123 civils allemands.

La guerre a culminé avec la bataille de Waterberg en août 1904. Quelque 80.000 Héréros décidèrent de fuir vers l'est avec femmes et enfants pour gagner le Botswana voisin, poursuivis par les troupes allemandes à travers les étendues désertiques de l'actuel Kalahari, où seuls 15.000 survécurent.

En octobre 1904, le commandant militaire de la colonie, le général Lothar von Trotha avait ordonné l'extermination des Héréro.

Depuis 2011, l'Allemagne a restitué à la Namibie plusieurs dizaines de crânes de guerriers Héréro qui avaient été ramenés à Berlin pour des expériences censées prouver la supériorité des Blancs sur les Noirs.