Deux ans après les accords de paix, la guerre couve toujours en Ukraine

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Deux ans après les accords de paix de Minsk, négociés sous l'égide de Paris et Berlin en février 2015, la guerre couve toujours dans l'est de l'Ukraine, où les combats ne se sont jamais totalement arrêtés, faisant près de 5.000 morts supplémentaires.

En signant ces accords dans la capitale bélarusse, Kiev, Moscou et les autorités séparatistes s'étaient entendus sur la fin des combats assortie d'une complexe feuille de route politique devant mener à la paix.

Si cet accord a permis de mettre un terme aux craintes d'une guerre ouverte dans tout l'est de l'Ukraine, il n'a jamais totalement éliminé les violences et l'absence totale de confiance entre Kiev et les autorités rebelles.

Près de 10.000 personnes au total ont été tuées depuis le début du conflit en avril 2014 et certaines industries cruciales pour l'économie ukrainienne, notamment les mines de charbon et d'important complexes sidérurgiques, se trouvent toujours dans les régions contrôlées par les républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk.

Les sanctions prises par l'Union européenne contre la Russie sont toujours en vigueur, malgré les réserves d'un nombre croissant de pays européens qui regrettent l'impact des mesures de rétorsion russes sur leur économie.

Mais les accords de Minsk II ont-ils jamais eu la moindre chance de succès? "C'est la faute de tout le monde, il n'y a pas de volonté politique" de les mettre en oeuvre, regrette auprès de l'AFP un diplomate européen en poste à Kiev.

L'UE demeure persuadée que la Russie a déclenché et attisé le conflit, mais estime également que Kiev est à blâmer pour n'avoir jamais souhaité accorder d'autonomie aux régions rebelles, ce qui était pourtant un point clé des accords.

 

- Un plan en 13 points -

 

Ces accords, résultat de 18 heures de négociations entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko sous le patronage du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel, consistent en un plan divisé en 13 points. 

Le document, supervisé par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), appelait à un "cessez-le-feu immédiat et total" et au retrait rapide des armes lourdes de part et d'autre de la ligne de front.

Kiev se voyait accorder la reprise, cruciale, du contrôle de sa frontière avec la Russie mais concédait en revanche des changements constitutionnels garantissant aux régions séparatistes un "statut spécial" et l'instauration d'un "gouvernement provisoire" dans l'Est.

La date butoir pour la mise en place de ces 13 points était fin 2015, mais aucune de ces conditions n'a été respectée et les accords de Minsk ont été constamment prolongés, la communauté internationale y voyant le seul espoir de mettre un terme à la guerre.

A Kiev, les partis politiques nationalistes et populistes qui dominent le Parlement ont constamment refusé d'accorder des pouvoirs aux autorités séparatistes, craignant que cela ne revienne à céder de facto ces territoires à Moscou.

Les autorités rebelles n'ont elles-même jamais organisé d'élections conformes aux lois ukrainiennes et supervisées par l'OSCE, ce à quoi elles s'étaient pourtant engagées. Et une large portion de la frontière russo-ukrainienne demeure hors de contrôle de Kiev, permettant l'afflux d'armes et de combattants venus de Russie.

 

- Position américaine -

 

Malgré ces défaillances, les accords de Minsk ont permis quelques avancées. Ils ont aidé à limiter l'échelle et l'intensité des combats, circonscrits à certains points chauds comme la ville d'Avdiïvka, où plusieurs dizaines de personnes ont été tuées ces dernières semaines.

Les autorités ukrainiennes sont cependant inquiètes d'une possible levée des sanctions occidentales contre la Russie, inquiétude amplifiée par l'arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a appelé à établir de meilleures relations entre Washington et Moscou.

Kiev est également frustré par le refus des pouvoirs européens de fournir des armes modernes et létales à l'armée ukrainienne, par crainte que ces livraisons d'armes n'incitent Vladimir Poutine à s'engager plus en avant dans le conflit. 

"Je pense que l'administration américaine est encore en train de réfléchir à sa stratégie russe", a estimé le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel.

"Nous espérons tous que (de possibles accords) entre la Russie et les États-Unis ne se feront pas au détriment de l'Ukraine ou de l'Europe et permettront une détente entre ces deux puissances mondiales".