Turquie: Berlin dénonce la détention d'un militant des droits de l'homme

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Berlin a condamné mardi le placement en détention "injustifié" en Turquie d'un défenseur allemand des droits de l'homme aux côtés de plusieurs autres militants, dont la directrice d'Amnesty International dans le pays.  

"Nous sommes solidaires avec Peter Steudtner, dont la détention est injustifiée et œuvrons à tous les niveaux pour le soutenir", a dit le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, sur Twitter. 

Dix militants turcs des droits de l'homme, dont la directrice d'Amnesty International pour la Turquie, Idil Eser, ont été arrêtés le 5 juillet, aux côtés de deux formateurs étrangers, un Suédois et un Allemand, Peter Steudtner, qui travaille pour divers projets et organisations dans le monde.

Un tribunal turc a décidé mardi de maintenir en prison six d'entre eux les accusant d'avoir "commis un crime au nom d'une organisation terroriste", a indiqué à l'AFP Andrew Gardner, chercheur spécialiste de la Turquie à Amnesty. 

L'expression "organisation terroriste" désigne le plus souvent pour les autorités turques les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir fomenté le putsch manqué du 15 juillet 2016, ou les séparatistes kurdes du PKK.

"Accuser Peter Steudtner, un symbole et porte-parole des droits de l'Homme et de la démocratie d’être un partisan du terrorisme est absurde", a renchéri une porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, appelant à la "libération rapide" de M. Steudtner.

Le gouvernement turc est en train de "dissoudre la démocratie et l'Etat de droit", a réagi pour sa part le président des sociaux-démocrates allemands, Martin Schulz, dans l'hebdomadaire Der Spiegel, tout en reprochant à la chancelière Angela Merkel de "rester silencieuse" face aux agissements de la Turquie.  

Ces arrestations surviennent dans un contexte de purges massives depuis la tentative de coup d'Etat. Plus de 50.000 personnes, dont des opposants au président Recep Tayyip Erdogan, des membres d'ONG et des journalistes ont été arrêtés.

Elles ajoutent encore au climat de tension qui règne entre Ankara et Berlin.

La Turquie vient ainsi de refuser dans l'immédiat le droit pour des députés allemands de rendre visite à des soldats de leur pays déployés sur une base turque de l'Otan, dans le cadre d'une mission contre l'organisation Etat islamique en Syrie et en Irak. 

Un journaliste turco-allemand, Deniz Yücel correspondant du quotidien Die Welt est par ailleurs emprisonné en Turquie depuis 155 jours dans l'attente d'une mise en accusation. Berlin ne cesse de réclamer sa remise en liberté, en vain jusqu'ici.