03.03.08 - GENOCIDE/LIVRE - FERDINAND NAHIMANA CONTINUE DE PLAIDER SON INNOCENCE

Arusha, 3 mars 2008 (FH) - Ferdinand Nahimana, l'un des fondateurs de la Radio Télévision libre des Mille collines, condamné en appel à 30 ans de prison pour incitation directe et publique à commettre le génocide et crimes contre l’humanité, plaide encore son innocence dans un livre paru aux éditions Sources du Nil. Nahimana, historien et intellectuel reconnu, a rédigé cet ouvrage, « Rwanda, les virages ratés », depuis sa cellule d’Arusha, où il est incarcéré depuis février 1997.

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Plusieurs prisonniers de l'ONU ont avant lui rédigé des livres où ils tentent de justifier leur action.

Pour l’auteur, « ce génocide que personne n’a le droit de nier est une atroce réalité historique (…) Mais cette tragédie n’est pas à étudier isolément et de façon superficielle. Elle est le résultat d’un ensemble d’occasions ratées de dialogue et de prise de décisions importantes ». Les recherches, regrette-t-il, "se sont uniquement concentrées sur le camp dit des Hutu ». Il accuse le FPR de tous les maux, et d'avoir "opté pour cette solution finale parce qu’il savait que le peuple rwandais chauffé à blanc par une guerre désastreuse allait se sentir définitivement perdu et se livrer à des actes incontrôlés, que plus personne n’aurait l’autorité requise pour les arrêter ». Nahimana tente de justifier la violence. « Certaines réponses se retrouvent dans le passé très lointain du peuple rwandais » écrit-il.

L’auteur se livre enfin à un véritable réquisitoire contre le procureur du TPIR pour son refus de poursuivre les auteurs de crimes commis par le FPR et l’attentat contre l’avion du président rwandais de l’époque, Juvénal Habyarimana, qu’il décrit avec éloquence comme un homme de paix. Derrière les enquêtes du parquet, estime-t-il, les Américains, les Britanniques et les pays placés dans leur « orbite », la Belgique, le Canada, l’Ouganda, la Tanzanie et le Burundi, sont les véritables maître d’œuvre. « Voilà pourquoi tous les documents incriminant le FPR ont été mis sous embargo et tous les documents détenus par le TPIR relatifs à son implication (…) ont été interdits d’utilisation. C’est le cas des documents montrant les sources de financement du FPR, ses fournisseurs d’armes et de munitions, ses fournisseurs de matériel de communication, y compris son émetteur radio Muhabura, etc.

Et pour achever cette protection blindée, estime Nahimana, ces puissances, leurs puissantes organisations de défense des droits de l’homme et leur presse incontournable aurait imposé à l’Onu la création d’un tribunal pénal international ad hoc qui, en réalité, paraît avoir reçu la "mission secrète de traquer, arrêter, emprisonner, juger et condamner tous les opposants au FPR » argue-t-il, avant de produire une déclaration de l’enquêteur australien, Michaël Hourigan, datée de novembre 2006, dans laquelle ce dernier évoque par le détail les pressions sur l’enquête relative à l’attentat du 6 avril 1994.

« Laisser les dirigeants actuels du Rwanda narguer la justice internationale revient, de la part de l’ONU et de son Conseil de sécurité qui a mis en place le TPIR, à échouer encore une fois « dans sa mission au Rwanda » » conclut-il. Enfin, l’auteur s’en prend aussi aux hutus « modérés ». Des "traîtres (..) lorsque le multipartisme a été accepté, ils se sont enrôlés dans les partis d’opposition », écrit il. Les hutus qui avaient tenté de s'élever contre le durcissement du régime et ont influencé la vie politique par leur engagement dans des partis politiques ont été nombreux a avoir été tués aux premiers jours du génocide.

SM/PB