04.03.08 - TPIR/TEMOINS - UN TEMOIN DU PROCUREUR RECONNAIT DES ACCUSATIONS MENSONGERES

Arusha, 4 mars 2008 (FH) - Un témoin protégé du procureur du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), surnommé GFA, perturbe actuellement plusieurs procès après avoir reconnu dans une déclaration, qu’il avait lors de précédentes dépositions devant le TPIR menti sous la pression d’officiels rwandais. Dans cette déclaration où il évoque des accusations lancées contre plusieurs accusés du TPIR, GFA explique que ces mensonges lui ont été suggérés par un procureur rwandais (dont il donne le nom) alors qu’il était emprisonné au Rwanda.

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Selon lui, plusieurs personnes ont ainsi été chargées de coordonner leurs témoignages avant de venir témoigner devant le TPIR et de porter de fausses accusations contre d’anciens responsables rwandais jugés par le TPIR.

Ces déclarations ont été recueillies début février en video devant un représentant d’une équipe de défense mais aussi devant plusieurs membres du bureau du procureur à Kampala, où GFA avait trouvé refuge. Elles sont actuellement en cours de retranscription et promettent de remettre en cause différentes accusations, apprend on auprès de plusieurs avocats.

Ainsi, Me Gilles St Laurent, avocat de d’Augustin Bizimungu, ancien chef d’Etat major de l’armée rwandaise, a attiré l’attention de la cour sur ce revirement qui devrait, si il est pris en compte, annuler de nombreux paragraphes de l’acte d’accusation lancé contre son client. Les arguments de l’accusation ont déjà été développés devant la chambre depuis le début de ce procès en septembre 2004. La phase accusatoire est théoriquement terminée et les accusés ont commencé à présenter les preuves de leur défense.

Selon GFA, certaines accusations lancées contre Bizimungu comme la participation à une réunion d’organisation du génocide, ou la distribution d’armes sont fausses et ont été inventées lors de ces réunions à l’intérieur de la prison où il était détenu. La Cour a ordonné la retranscription rapide de cette déclaration de GFA.

Cette rétractation de GFA a été enregistrée à la demande de l’équipe de défense de Jerome Bicamumpaka, l’ancien ministre des Affaires étrangères jugé actuellement dans un autre procès. Dans ses explications il évoque aussi un troisième procès, celui de Joseph Nzirorera, qui a également été visé par ces fausses déclarations.

Depuis le début des audiences du TPIR en 1997 les avocats des accusés dénoncent les témoins de l’accusation qui sont souvent sortis dans ce but des prisons rwandaises. Ils leur reprochent des faux témoignages flagrants qui n’avaient jusqu’à ces derniers mois jamais été prouvés et encore moins jugés. Un premier témoin a à la fin de l’année 2007 été condamné à neuf mois de prison pour outrage à la cour après avoir effectué un faux témoignage qu’il a reconnu.

PB/GF