Il a dit avoir rencontré Ndindiliyimana en Tanzanie en 1993, et au Rwanda l’année suivante.
Ndindiliyimana était préoccupé par la formation de la gendarmerie en perspective du multipartisme renaissant et de la fusion entre les forces gouvernementales et les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), selon le témoin. « Ce qui le préoccupait, c’était la paix, la tranquillité du pays, comment disperser les foules (sans porter atteinte à leur intégrité physique) ; il disait que c’était sa responsabilité », a indiqué Harun Mahundi.
Le gouvernement et le FPR étaient en négociations à Arusha en Tanzanie afin de mettre fin à une guerre civile qui avait éclaté en octobre 1990.
« Il (Ndindiliyimana) semblait plein d’espoir quand au fait que ces négociations pouvaient connaître le succès », a souligné le témoin. L’ex-chef de la police tanzanienne a ajouté que l’accusé lui paraissait être « quelqu’un qui n’aimait pas la confrontation ».
Harun Mahundi a déclaré que lors de sa visite des unités de gendarmerie au Rwanda, « il m’a semblé qu’ils n’avaient pas suffisamment de ressources pour faire face à une situation d’émeutes ». Selon le témoin, « il y avait déjà toutes les installations techniques qui n’étaient pas idéales. Et entre autres, ils n’avaient pas suffisamment de mobilité, des véhicules qui leur auraient permis de déployer des troupes pour faire face à une situation donnée. Le système de communication n’était pas efficace. »
L’ex-chef de la police tanzanienne a souligné que la gendarmerie rwandaise ne disposait pas non plus de canon à eau pour disperser les foules importantes ou de gazs lacrymogènes pour faire face aux petits attroupements.
Harun Mahundi a révélé que Ndindiliyimana lui avait notamment parlé de ses plans pour l’avenir. « Il voulait prendre sa retraite le plus rapidement possible. Il ne voulait pas attendre qu’il soit trop âgé. Il voulait se convertir dans les affaires », a confié le témoin. Mahundi a raconté que Ndindiliyimana avait visité le port de Mwanza sur la rive tanzanienne du lac Victoria et qu’il avait manifesté un intérêt pour l’importation du poisson. "Il aurait aimé prendre sa retraite le plus rapidement possible pour s’occuper de ce type de commerce », a dit le témoin.
Poursuivi avec trois autres officiers pour génocide et crimes contre l’humanité, Ndindiliyimana plaide non coupable. Actuellement, il fait comparaître des témoins à décharge. Le témoin Makundi l’a décrit comme un homme « très poli » et « très posé », qui souhaitait que son pays ait la sécurité.
Ce procès conjoint dit « Militaires II » a commencé en septembre 2004.
AT/PB/GF