Argentine: manifestation contre l'assignation à résidence d'un tortionnaire de la dictature

Des centaines de personnes ont manifesté samedi devant le domicile de Miguel Etchecolatz, un ancien chef de la police sous la dictature argentine (1976-1983), pour protester contre la décision de la justice de l'autoriser à purger chez lui sa condamnation à la prison à perpétuité.

Devant la maison de Miguel Etchecolatz, située dans un quartier résidentiel de Mar del Plata, une station balnéaire à 400 km de Buenos Aires, les manifestants ont brûlé un pantin le représentant et lancé des fusées rouges pour représenter le sang versé par les victimes de la dictature (1976-1983), durant laquelle 30.000 personnes ont disparu, selon les organisations humanitaires.

Sur les visages des manifestants, des masques blancs portant le nom de Julio Lopez, un maçon de 77 ans, disparu en 2006 alors qu'il se rendait au tribunal pour témoigner contre Miguel Etchecolatz. L'ex-policier est soupçonné d'être responsable de sa disparition.

Cette manifestation devant la maison d'Etchecolatz s'inscrit dans le cadre d'une série de manifestations pour protester contre sa sortie de prison qui a été accordée par la justice fin décembre.

A la tombée de la nuit, une autre manifestation s'est déroulée dans les rues de cinq quartiers du centre-ville de Mar del Plata. En tête de cortège, des Mères de la place de Mai, et le fils de Julio Lopez.

Ces manifestations, qui ont débuté vendredi à l'appel d'organisations de défense des droits de l'homme, avaient pour consigne "Pas de répit pour les génocidaires". Elles doivent se poursuivre, a déclaré à l'AFP Ernesto, un des organisateurs, qui exige pour le tortionnaire "la prison commune, à perpétuité et effective".

Un Tribunal fédéral a accordé le 27 décembre à l'ancien policier le droit de purger sa peine à son domicile en raison de son âge avancé, 88 ans, et de problèmes de santé.

Dans leur requête, ses avocats avaient souligné que leur client était "la personne la plus âgée dans un établissement pénitentiaire fédéral", et qu'"avec ses 88 ans et ses diverses maladies il répondait aux critères prévus par la loi" pour être assigné à résidence.

En 1986 d'abord, puis entre 2004 et 2016, Miguel Etchecolatz a été condamné à cinq reprises, des peines que la justice de l'Etat de La Plata (sud) a transformé en réclusion à perpétuité.

Bras droit durant la dictature du chef de la police de la province de Buenos Aires, le général Ramon Camps, Miguel Etchecolatz a été entre mars 1976 et fin 1977 en charge des 21 prisons clandestines créées dans ce district.

Un des commandos qu'il supervisait est responsable de l'enlèvement dans la nuit du 16 septembre 1976 d'un groupe de lycéens âgés de 14 à 17 ans, une opération de répression connue sous le nom de "Nuit des Crayons". Seuls quatre ont survécu.

En Argentine, les prisonniers de plus de 70 ans peuvent prétendre à l'assignation à résidence au cas par cas, mais les organisations de défense des droits de l'Homme se battent pour que les condamnés pour crimes contre l'humanité purgent leur condamnation en milieu carcéral.

Justice Info est sur Bluesky
Comme nous, vous étiez fan de Twitter mais vous êtes déçus par X ? Alors rejoignez-nous sur Bluesky et remettons les compteurs à zéro, de façon plus saine.
Poursuivez la lecture...