31.03.08 - RWANDA/CANADA - VISA CANADIEN REFUSÉ AU PRÉSIDENT D’IBUKA : « LE CANADA N’A PAS DE LEÇON

Montréal, 31 mars 2008 (FH) – Ottawa a refusé de confirmer ou d’infirmer que Théodore Simburudari, le président d’Ibuka, la principale organisation de rescapés du génocide rwandais, s’était vu refuser un visa d’entrée, mais a justifié les procédures d’immigration, y compris la question portant sur l’origine ethnique des citoyens rwandais. Des membres de la communauté rwandaise du Canada avaient rapporté jeudi que Théodore Simburudari, le président d’Ibuka s’était vu refuser son visa d’entrée, faute d’avoir accepté de mentionner son appartenance ethnique.

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Il devait venir de Kigali pour assister aux cérémonies de la 14e commémoration du génocide rwandais.

« Nous ne commentons pas les cas personnels afin de protéger la vie privée des gens », a dit à l’agence Hirondelle Jacqueline Roby, porte-parole des services canadiens d’immigration.

Mme Roby a précisé qu’elle ne connaissait pas le cas précis du président d’Ibuka. Elle a néanmoins ajouté que « si effectivement M. Simburudari ne s’est pas conformé aux procédures du gouvernement canadien, il ne faut pas chercher bien loin les raisons qui ont motivé son refus de visa ».

Pour obtenir le sésame d’entrée au Canada, les citoyens du pays des mille collines doivent indiquer dans un formulaire qui leur est réservé le nom du groupe ethnique figurant sur la carte d’identité rwandaise d’avant 1996, dont une copie est par ailleurs exigée.

« Ce n’est pas pour rien que l’on demande le numéro de la carte d’identité : on sait que ce sont ces questions là qui vont nous mener sur la piste des criminels de guerre », a dit à l’agence Hirondelle la porte-parole des services canadiens d’immigration.

« Cette question est non seulement inappropriée mais infâmante. C'est sur sélection de cette carte d'identité qu'on tuait les gens », avait dénoncé jeudi Callixte Kabayiza, le président de Page-Rwanda, une association canadienne de victimes du génocide rwandais. M. Kabayiza avait demandé la suppression de cette question. Au Rwanda, la mention de l’appartenance ethnique est désormais interdite sur les documents officiels.

Selon Jacqueline Roby, des services canadiens d’immigrations, les citoyens de Croatie et de Bosnie-Herzégovine doivent également se soumettre à ce genre de formulaires. « L’un des buts que l’on poursuit, c’est que le Canada ne devienne pas un refuge pour les criminels de guerre. (…) Et à cet égard, le Canada n’a pas de leçon à recevoir. »

CS/PB/GF