13.05.08 - RWANDA/BELGIQUE - TENSIONS ENTRE LE RWANDA ET LA BELGIQUE

Bruxelles, 13 mai 2008 (FH) – La visite officielle que la nouvelle ministre rwandaise des Affaires étrangères, Rosemary Museminali, devait effectuer la semaine dernière en Belgique a été annulée en raison de la présence dans sa délégation de Joseph Nzabamwita, numéro 2 de la sécurité extérieure recherché par la justice espagnole, ont rapporté vendredi les médias belges. M.

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Nzabamwita fait partie de 40 personnalités rwandaises visées par des mandats d’arrêt internationaux délivrés le 6 février dernier par le juge espagnol Fernando Abreu Merelles. Parmi elles figurent 11 généraux. La justice espagnole accuse ces hauts dirigeants FPR (Front patriotique rwandais) du régime de génocide, crime contre l’humanité et terrorisme.

Selon les autorités belges, Mme Museminali a fait savoir mercredi par une note verbale que sa visite était annulée. « Nous n’avons pas eu de communication officielle qui en explique les raisons », selon le porte-parole du ministre des Affaires étrangères belges, qui qualifie de « spéculations » le risque de voir arrêté un membre de la délégation de la ministre.

Des sources judiciaires ont cependant confirmé à l’agence Hirondelle que ce motif est bien la raison de l’annulation de la visite : « Le Rwanda a été informé de ce risque car nous ne voulions pas créer un grave incident diplomatique », explique l’une d’elles.

D’après le quotidien « Le Soir » de vendredi, la Belgique a donc refusé de délivrer un visa à M. Nzabamwita. « Il n’appartient pas à la Belgique de décider de la composition d’une délégation invitée à Bruxelles », aurait vivement réagi Kigali, qui affirme « refuser les leçons de morale volontiers administrées par la Belgique aux dirigeants africains ».

Néanmoins, d’après cette même source judiciaire, les récentes déclarations du ministre des Affaires étrangères belge, Karel de Gucht, ne sont pas en cause – contrairement à ce qu’avait d’abord rapporté la presse belge.

De retour d’un voyage en RDC et au Burundi, le ministre avait dit à des journalistes regretter que le Rwanda « ne joue pas un rôle plus positif » dans le règlement des conflits dans la région des Grands Lacs. « Quand l’information sur le mandat d’arrêt est parvenue aux Rwandais, ils étaient déjà à l’aéroport, tout était organisé, ils étaient décidé à venir faire cette visite », continue cette source.

La porte-parole du parquet fédéral, Lieve Pellens, tout en confirmant que M. Nzabamwita aurait pu être arrêté, apporte une nuance: selon elle, ce dernier ne faisait pas formellement partie de la délégation officielle, à laquelle il devait se joindre à son arrivée sur le sol belge en provenance de Londres. « Raison pour laquelle il a dû demander un visa : c’est alors que nous avons informé le Rwanda du risque, puisqu’il ne faisait pas partie de la délégation, de son arrestation du fait de l’existence d’un mandat d’arrêt européen valable dans tout l’espace Schengen », a-t-elle expliqué à l’agence Hirondelle.

En effet, d’après Mme Pellens, il existe depuis les dernières modifications en 2003 de la loi sur la compétence universelle, une immunité tacite des officiels en visite dans le Royaume.

Un cas similaire s’était produit fin avril en Allemagne, la responsable du protocole du chef de l’Etat, Rosa Kabuye, membre de la délégation du président Paul Kagame, faisant aussi l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par la France pour son rôle présumé dans l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, qui avait marqué le début du génocide. Cependant la loi allemande accorde une immunité aux représentants d’autres Etats en visite ainsi qu’aux membres de leur délégation.

BF/PB/GF