CPI: l'ex-rebelle Ntaganda assure être un "revolutionnaire", pas un criminel

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L'ex-chef de guerre congolais Bosco Ntaganda s'est défini comme un "révolutionnaire" et non un criminel jeudi, lors de la dernière phase de son procès pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité devant la Cour pénale internationale (CPI).

Bosco Ntaganda est accusé d'avoir recruté des enfants soldats et d'avoir commandité des meurtres, pillages et viols commis par ses troupes en 2002-2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).

Plus de 60.000 personnes ont perdu la vie depuis 1999 et l'éclatement de violences sanglantes dans la région instable et riche en minéraux, selon des ONG.

"Je suis un révolutionnaire, mais je ne suis pas un criminel", a déclaré Ntaganda lors des plaidoiries finales après plus de trois ans de procès.

L'ancien général redouté de l'armée congolaise doit répondre de 13 crimes de guerre et de cinq crimes contre l'humanité, pour lesquels il a plaidé non coupable en 2015.

S'exprimant en kinyarwanda, sa langue natale, il a confié aux juges que témoigner lors de son propre procès était "une expérience enrichissante" qu'il n'oublierait "jamais".

- Massacres de civils -

"Je suis en paix avec moi-même. Ces allégations ne sont rien de plus que des mensonges", a déclaré le Congolais, vêtu d'un costume bleu foncé et d'une cravate à motif de diamant.

Durant la dernière phase du procès devant la CPI, qui siège à La Haye, où l'ex-chef de guerre est détenu depuis 2013, l'accusation a dressé un tableau épouvantable des exactions présumées commises sous ses ordres, comme des exécutions à coups de machette.

Des femmes enceintes ont également été éventrées, a lâché l'accusation, citant un témoignage.

L'ex-rebelle a joué un rôle central dans la planification des opérations de l'Union des patriotes congolais et de son bras armé, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), selon l'accusation.

Né en 1973 au Rwanda, issu d'une famille tutsie, Ntaganda a fait ses premières armes avec le Front patriotique rwandais (FPR): il participe au Rwanda aux combats qui mettront fin au génocide des Tutsis par les Hutus en 1994. Deux ans plus tard, en RDC, il rejoint la rébellion de Laurent-Désiré Kabila qui mettra fin en 1997 à la longue dictature de Mobutu Sese Seko.

Il a été général de l'armée congolaise de 2007 à 2012. Il avait la réputation d'être un leader charismatique avec un penchant pour les chapeaux de cow-boy et la gastronomie.

- Reddition volontaire -

Il a ensuite été le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu'à ce qu'il se rende de manière inopinée à Kigali en 2013 pour demander son transfert à la CPI, chose inédite dans l'histoire de la juridiction.

Jeudi, pour la première fois, Ntaganda a donné les raisons de cette décision, qui a "profondément changé" sa vie.

"J'ai vraiment ressenti le besoin de me rendre volontairement et de faire face aux accusations portées contre moi", a-t-il expliqué, ajoutant qu'il souhaitait "rétablir publiquement les faits".

Aux yeux des observateurs, il est plus probable qu'il se soit rendu pour sauver sa peau sous la menace d'une faction rivale.

Les juges de la CPI pourraient ne pas rendre leur verdict avant des mois. Leur décision sera suivie avec une attention soutenue après l'acquittement surprise par la chambre d'appel de la CPI, en juin, du Congolais Jean-Pierre Bemba, condamné en première instance à 18 ans de prison pour des crimes commis par ses troupes en Centrafrique.

Thomas Lubanga, ex-chef congolais des FPLC, a été condamné à 14 ans de prison par la CPI en 2012 pour l'enrôlement d'enfants soldats durant la guerre civile en Ituri. Cette fois-ci, la peine a été confirmée en appel.