03.06.08 - TPIR/NSENGIMANA - DES PENSIONNAIRES SURPRIS AVEC DES MACHETTES SOUS LEURS LITS EN 1993

Arusha, 3 mai 2008 (FH) - Un témoin venu à la rescousse de l’abbé Hormisdas Nsengimana a admis mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que le prêtre, alors directeur d’école, n’avait pas pris de sanctions contre des élèves qui avaient dissimulé des machettes sous leurs lits en 1993. Ces armes traditionnelles ont été très largement utilisées pendant le génocide de 1994 qui a fait, selon l'ONU 800.

1 min 48Temps de lecture approximatif

000 tués, essentiellement parmi les Tutsis mais aussi au sein des opposants hutus.

Directeur du collège Christ-Roi de Nyanza (sud) en 1994, l’homme d’église, 54 ans, est accusé de génocide, assassinat et extermination, des crimes dont il plaide non coupable.

« Ils (les élèves qui avaient dissimulé les machettes) n’ont pas été renvoyés, ni suspendus. Nous ne nous y sommes pas attardés », a reconnu le témoin qui déposait sous un pseudonyme pour des raisons de sécurité. « Nous n’avons pas jugé nécessaire d’en discuter ; car l’abbé Nsengimana nous a informés que les choses étaient rentrées dans l’ordre», a indiqué cet homme qui enseignait au collège Christ-Roi.

Le témoin, deuxième de la défense de Nsengimana, était contre-interrogé par le Burundais Sylvère Ntukamazina, un des membres de l’équipe du procureur dans cette affaire.

Lors de son interrogatoire principal plus tôt dans la journée par Me Emmanuel Altit, l’avocat principal du prêtre, il avait affirmé que Nsengimana traitait tous ses élèves et ses professeurs, sans discrimination ethnique.

L’homme d’église a commencé sa défense lundi.

Selon l’acte d’accusation, l’abbé avait affiché sa haine des Tutsis longtemps avant le génocide d’avril à juillet 1994.

Pendant les massacres, allègue le procureur, il a non seulement ordonné des massacres, mais tué en personne un vieux prêtre et plusieurs femmes, tous tutsis.

L’ancien directeur du collège Christ - Roi a été arrêté au Cameroun le 21 mars 2002 et son procès s’est ouvert le 22 juin 2007.

Nsengimana fait partie des trois prêtres détenus par le TPIR. Le premier d’entre eux à avoir comparu, Athanase Seromba, un ancien vicaire de campagne, a été condamné à la prison à vie en appel le 12 mars dernier. Le deuxième, Emmanuel Rukundo, un ancien aumônier militaire dans le nord du Rwanda, attend son jugement. Le procureur a requis la perpétuité contre lui le 20 février dernier. Le dernier prêtre catholique inculpé par le TPIR, Wenceslas Munyeshyaka, sera jugé à Paris, le tribunal des Nations Unies s’étant dessaisi du dossier au profit de la justice française.

L’église catholique rwandaise appelle à la confession ceux de ses membres ayant trempé dans le génocide mais refuse de reconnaître toute responsabilité en tant qu’institution.

ER/PB/GF