AZM était interrogé par le procureur, Mme Catherine Graham, au sujet d’un discours prononcé le 19 avril 1994 par Théodore Sindukubwabo et dans lequel ce président intérimaire appelle à plusieurs reprises ses concitoyens de Butare (sud) à « gukora » (travailler en langue rwandaise).
Le lendemain de ce discours prononcé dans un stade de Butare, cette région jusque-là relativement calme par rapport au reste du pays, a été embrasée par les massacres.
« Le terme gukora a reçu une autre signification. Les gens allaient tuer les Tutsis en disant qu’ils se rendaient au travail », a raconté le témoin. « Travailler est alors devenu synonyme de tuer les Tutsis », a-t-il déploré.
Ce discours incriminé fut prononcé à l’occasion de l‘investiture du nouveau préfet de Butare, Sylvain Nsabimana, en présence Callixte Kalimanzira qui était le maître des cérémonies.
« Kalimanzira a-t-il pris la parole pour dénoncer ce message du président ? », a demandé Christine Graham du bureau du procureur. « Non », a répondu le témoin.
Le procureur soutient que, par son silence, Kalimanzira, a adhéré au contenu de ce discours.
Nsabimana est également en procès au TPIR tandis que Sindikubwabo a probablement trouvé la mort dans son exil dans l’ex-Zaïre (actuelle République démocratique du Congo-RDC).
AZM, douzième témoin à charge dans l’affaire Kalimanzira, a par ailleurs affirmé que l’accusé a participé à la plupart des réunions du conseil préfectoral de sécurité de Butare alors qu’il n’en était pas membre.
« J’ai cru qu’il dirigeait la préfecture conjointement avec le préfet ou qu’il était un représentant du gouvernement parce que le cas de Butare était spécial », a témoigné AZM qui, lui, était membre de droit de ce conseil.
Le témoin devait ensuite être contre-interrogé par l’un des avocats de la défense.
Inculpé de génocide, complicité dans le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, Kalimanzira, un agronome de formation, plaide non coupable.
Son procès s’est ouvert le 5 mai dernier.
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