07.04.2004 - TPIR/DETENUS - LES DETENUS DRESSENT UN BILAN NEGATIF DU TPIR, DIX ANS APRES LE GENOCIDE

Arusha, le 7 avril 2004 (FH) – La majorité des détenus poursuivis pour génocide et crimes contre l’humanité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont dressé un bilan négatif de cette juridiction, à la veille de la commémoration du dixième anniversaire de la tragédie rwandaise qui fait près d’un million de victimes en 1994. Dans une lettre datée du 29 mars envoyée au siège des Nations Unies à New York, dont l’Agence Hirondelle a obtenu une copie, les détenus dénoncent et attribuent au TPIR ce qu’ils appellent le « soutien à l’impunité » et « l’obstruction à la justice ».

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Les accusés relèvent que « dix ans après le déclenchement du cataclysme sans nom qui a emporté des centaines de milliers de vies de Rwandais…la meilleure manière d’honorer leur mémoire consiste à sortir de l’ombre la vérité sur ce drame, à juger en toute indépendance et en toute équité tous les responsables de ce cataclysme ».

Ils soulignent la nécessité pour l’ONU d’enquêter sur l’assassinat du président Juvénal Habyarimana, dans la nuit du 6 avril 1994, qui a déclenché les massacres à grande échelle sur tout le territoire rwandais.

Selon les détenus, les résultats préliminaires de l’enquête du juge français Jean-Louis Bruguière rendus publics le mois dernier par le quotidien français ‘Le Monde’ devraient servir de base pour établir la responsabilité du « cataclysme » rwandais.

L’enquêteur français, qui n’a pas été mandaté par les Nations Unies, a pointé du doigt l’actuel président rwandais Paul Kagame comme étant le principal auteur de l’attentat contre Habyarimana. Kagame a catégoriquement rejeté les allégations du juge Bruguière.

« Aujourd’hui, le monde entier soutient que l’auteur de cet ignoble attentat est le premier responsable du chaos qui s’en est suivi », soulignent les accusés.

Ils stigmatisent par conséquent l’attitude des responsables onusiens et des juges du TPIR « à conduire des procès politiques où seule l’opinion du vainqueur prime sur le droit et où la politique partisane l’emporte sur la justice et le principe d’équité ».

Les détenus dénoncent en outre la « stratégie d’accusation fondée sur une thèse erronée », où le procureur « procède à des arrestations sans mandat ni acte d’accusation confirmés ».

« L’arrestation des suspects et leur poursuite en justice obéit à des règles strictes préalablement établies. Le TPIR n’a pas dérogé à ce principe », concluent-ils.

Le Centre de détention des Nations-Unies, construit à Arusha pour le TPIR abrite aujourd’hui 54 détenus. Douze d’entre eux ont soit été jugés en première instance et attendent la décision de la chambre d’appel, soit ont été définitivement condamnés et sont en attente de transfert vers la prison où ils purgeront leur peine.

GA/CE/GF/FH (DE’’0407A)