23.02.2004 - TPIR/MILITAIRES I - NTABAKUZE AURAIT TENTE D'ASSASSINER l'EX- PREMIER MINISTRE NSENGIYA

Arusha, le 23 février 2004 (FH) -Un témoin à charge dans le procès de quatre hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (FAR) a affirmé lundi que le major Aloys Ntabakuze, un des accusés, avait dirigé un groupe de soldats qui devaient assassiner l'ancien premier ministre rwandais Dismas Nsengiyaremye. Ntabakuze commandait le bataillon para-commando de Kigali en 1994.

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Dénommé "XAQ" pour assurer son anonymat, le quarante septième témoin du parquet du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a déclaré qu'un caporal nommé Munyankindi, lui avait dit que "Ntabakuze avait dirigé des soldats qui étaient allés éliminer le premier ministre D'alors Dismas Nsengiyaremye mais que l'opération avait échoué".

Le caporal Munyankindi faisait partie des soldats qui escortaient Ntabakuze entre 1992 et 1993, a dit le témoin. Nsengiyaremye a été premier ministre au cours de cette période.

M.XAQ a indiqué que Munyankindi lui avait révélé qu'il était membre de "l'escadron de la mort". "Il m'a dit qu'il était chargé D'une mission D'éliminer des gens", a ajouté le témoin.

Selon XAQ, l'escadron de la mort était opérationnel dès la réintroduction du multipartisme au Rwanda, en 1991, jusqu'au moment du décès du président Habyarimana, le 6 avril 1994.

Lors de son témoignage dans ce procès en janvier dernier, le général canadien Roméo Dallaire, qui commandait la Mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), avait confirmé l'existence D'un escadron de la mort. Il l'avait comparé à une troisième force, composée D'extrémistes.

Le témoin a par ailleurs accusé Ntabakuze D'avoir appelé les soldats du bataillon para-commando à venger la mort du président Habyarimana. "Les Inyenzi viennent de le tuer, nous devons venger sa mort", aurait déclaré Ntabakuze. Inyenzi, signifiant cancrelat, est un terme péjoratif utilisé pour désigner les Tutsis.

"Aussitôt après cela, le dépôt D'armes a été ouvert, les soldats ont pris des munitions et ont commencé à tuer des gens à Kajagari, un secteur proche du camp Kanombe à Kigali", a poursuivi le témoin.

M.XAQ a par ailleurs fourni des informations au sujet des milices Interahamwe. "Après la chute de l'avion [du président Habyarimana], des Interahamwe sont venus au camp Kanombe à bord de bus de couleur verte de l'ONATRACOM [Office national des transports en commun] en vue D'obtenir des grenades et des munitions", a-t-il dit. Il a ajouté que les Interahamwe ont également reçu du carburant et des fusils.

l'acte D'accusation allègue que des Interahamwe étaient entraînés, équipés et financés par des civils et des militaires membres de l'entourage du président Habyarimana.

Ntabakuze est coaccusé avec l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat-major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, ainsi que l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva.

Ils sont poursuivis notamment pour entente en vue de commettre le génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Ils plaident non coupable.

Leur procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Aleckseievich Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

AT/SV/GF/FH (Ml''0223A)