" Il (le général Dallaire) pensait à des officiers américains qui avaient servi en Somalie ou au sein de l'OTAN " a raconté le major Brent Beardsley, qui témoigne depuis la semaine dernière dans le procès de quatre hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (FAR).
Le major Beardsley était l'aide de camp du général Dallaire.
La MINUAR avait pour mission de superviser la mise en application de l'accord de paix signé en août 1993 par le gouvernement rwandais de l'époque et la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR, aujourdhui au pouvoir).
La déposition du major Beardsley a suivi celle du général Dallaire. " Le général (Dallaire) savait que le FPR n'accepterait pas que l'enquête soit confiée à des Français", a expliqué le major Beardsley soulignant que " le FPR détestait les Français". Paris était considéré comme un allié du régime à dominante hutue défait en juillet 1994 par le FPR.
Le conseil principal de Bagosora, le Martiniquais Me Raphaël Constant, a mis en doute la neutralité des Etats-Unis, expliquant que l'actuel président Paul Kagame, alors commandant de la branche armée du FPR, avait reçu une formation militaire dans ce pays en 1990. Le major Beardsley a répondu que Kagame avait bénéficié de cette formation dans le cadre de la coopération américano-ougandaise et non en tant que représentant de la guérilla rwandaise.
Paul Kagame et de nombreux autres combattants du FPR ont servi dans l'armée ougandaise avant de lancer ,le 1er octobre 1990, une attaque contre le Rwanda.
Les auteurs de l'attentat contre l'avion du président Habyarimana n'ont pas encore été identifiés. Le nouveau procureur en chef du TPIR, le Gambien Hassan Bubacar Jallow a récemment déclaré qu'il n'avait pas mandat D'enquêter sur cet attentat. Néanmoins, le juge anti-terroriste français, Jean-Louis Bruguière, est saisi de ce dossier depuis quelques années mais n'a pas encore rendu publiques ses conclusions.
Le procès dans lequel le major Beardsley témoigne concerne l'ancien directeur de cabinet ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, présenté par le procureur comme " le cerveau" du génocide , l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Ils répondent de l'entente en vue de commettre le génocide, des crimes de guerre et des crimes contre lhumanité. Ils plaident non coupable.
Commencé le 2 avril 2002, ce procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté du Russe Serguei Egorov et du Fidjien Jai Ram Reddy.
ER/AT/GF/FH (Ml''0204A)