26.01.2004 - TPIR/GOUVERNEMENT II - MUGENZI AURAIT MENACE DE "BROYER" LES TUTSIS, SELON UN

Arusha 26 janvier (FH) -l'ancien ministre rwandais du commerce sous le gouvernement intérimaire, Justin Mugenzi, en procès pour génocide devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) aurait menacé de "broyer" les Tutsis avant les massacres de 1994, selon le vice-président du sénat rwandais, Prosper Higiro. Mugenzi, un Hutu, était alors président du Parti libéral (PL), considéré comme "pro-tutsi".

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Prosper Higiro, qui témoigne dans le procès de quatre anciens ministres rwandais, a déclaré que lors D'une rencontre informelle de responsables du PL en juin 1993, "il (Mugenzi) a fait, des mains, un geste signifiant nous allons vous broyer, vous les Tutsis, et jeter les cendres en l'air".

"Nous vous avons introduit dans notre parti et vous voulez nous en chasser ! Vous ne nous connaissez pas", aurait ajouté Mugenzi à l'adresse de dirigeants tutsis du parti.

"Que deviendriez- vous si, nous, les Hutus, nous nous radicalisions?", aurait renchéri l'ancienne ministre de la Justice, Agnès Ntamabyariro, selon Higiro. Agnès Ntamabyariro était secrétaire général du PL. Elle est détenue au Rwanda pour génocide. Son procès n'a pas encore commencé.

Les propos de Mugenzi ont confirmé "les rumeurs selon lesquelles il avait eu un accord secret avec des dirigeants du MRND"(Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement), le parti de l'ancien président Juvénal Habyarimana, a poursuivi le témoin.

Actuel président du PL, Prosper Higiro est le septième témoin à charge dans ce procès.

"C'était la première fois que nous entendions des propos pareils", a rapporté Higiro, rappelant qu'auparavant "Justin Mugenzi était un dirigeant charismatique (...), dénonçait ouvertement l'extrémisme ethnique".

Mugenzi avait alors connu lors "un changement radical, nous nous sommes demandés si c'était la même personne", a ajouté le sénateur rwandais.

S'exprimant à un meeting populaire du MRND vers fin 1993, Mugenzi a promis "le châtiment suprême à tous ceux qui sont opposés aux intérêts de la majorité", a encore indiqué Higiro. La menace était proférée à l'égard des Tutsis, selon lui.

"Ces propos ont été rediffusés par la RTLM (Radio télévision libre des mille collines) pendant le génocide" en 1994 pour galvaniser les tueurs, a souligné le témoin qui poursuit sa déposition mardi.

Justin Mugenzi est jugé avec ses anciens collègues les ministres des affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka , de la santé Casimir Bizimungu et de la fonction publique, Prosper Mugiraneza. Ils répondent de six chefs D'accusation chacun. Ils plaident non coupable.

Dénommé "Gouvernement II", ce procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana, assisté du Kenyan Lee Gacuiga Muthoga et de la Pakistanaise Khalida Rashid Khan.

ER/AT/GF/FH (GVII''0126A)