Le co-conseil canadien de Ntabakuze, Me André Tremblay, a suggéré au témoin que le bataillon para-commando comptait seulement sept cent militaires, ajoutant que Ntabakuze ne pouvait s'adresser à des unités ne relevant pas de sa responsabilité. Me Tremblay a plaidé que le témoin racontait des "contre-vérités".
Selon le témoin, des Tutsis ont été massacrés dans les quartiers urbains de Kajagari et de Remera à la suite des instructions données par Ntabakuze.
M XAP a cependant reconnu ne pas avoir été témoin direct de ces faits. Me Tremblay a contesté sa source D'information. Le témoin a indiqué qu'il avait appris ces faits D'un militaire de la compagnie "Etat major et Services" qui logeait avec lui.
"Dans toutes les armées du monde, les militaires sont logés par compagnie et par bataillon pour simplifier l'ordre et la procédure D'appel, et le Rwanda ne fait pas exception", a protesté Me Tremblay. D'après l'avocat, un soldat des services généraux ne pouvait loger avec des militaires du bataillon para-commando.
La défense a en outre réfuté la déposition du témoin selon laquelle une formation politique dont objectif consistait à "définir l'ennemi"[Tutsis] aurait été dispensée en 1993 aux soldats du bataillon para-commando.
XAP a affirmé qu'un document définissant l'ennemi avait été rédigé à cet effet en kinyarwanda, la langue nationale rwandaise. "Ce que vous racontez est complètement faux, il n'y a jamais eu de documents rédigés en kinyarwanda par les services de l'armée rwandaise", a déclaré Me Tremblay.
l'avocat canadien a ensuite demandé si ce cours pouvait avoir une signification quelconque pour un témoin qui avait précédemment affirmé qu'il ne pouvait faire la distinction entre Hutus et Tutsis au sein de son propre bataillon.
A maintes reprises, la chambre a suggéré à l'avocat de réserver ses commentaires à l'étape des plaidoiries finales.
Ntabakuze est co-accusé avec trois autres hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (FAR). Il sagit de l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, et l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva.
Ils sont poursuivis notamment pour entente en vue de commettre le génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Ils plaident non coupable.
Communément appelé "Militaires I", ce procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
Mardi, la chambre entendra la déposition D'un nouveau témoin.
GA/AT/GF/FH (ML1215A)