CPI/Kenya : faute de preuves contre Ruto, la procureure veut des "anciens témoignagnes"

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La procureure de la CPI veut utiliser des "anciens témoignages" au cours du procès contre le vice-président kenyan William Ruto, son dossier ayant été très affaibli par des abandons de témoins, a-t-on appris vendredi.

Le bureau du procureur "a été privé d'éléments de preuves nécessaires pour prouver ses accusations à cause d'interférences inacceptables avec les témoins", a affirmé Fatou Bensouda dans un document publié sur le site internet de la Cour pénale internationale (CPI).

Selon l'accusation, "pas moins de 16 des 42 témoins ont retiré leur coopération et ont refusé de témoigner, citant des menaces, des intimidations ou la peur de représailles".

Malgré des citations à comparaitre, ces témoins ont refusé de témoigner ou ont changé leur témoignage en faveur des accusés : William Ruto et l'ancien présentateur de radio Joshua Arap Sang, accusés de crimes contre l'humanité.

La procureure veut donc utiliser les "anciens témoignages", c'est-à-dire les déclarations des témoins recueillies par son équipe avant que ceux-ci "ne succombent aux influences irrégulières".

"Les preuves suggèrent que les responsables de ces interférences inacceptables agissent, au minimum, au nom de l'accusé", a ajouté la procureure.

Si les juges estiment qu'utiliser des "anciens témoignages" qui n'ont pas valeur probante est légal, la décision fera jurisprudence.

Le Kenyan William Ruto, 48 ans, est le premier haut dirigeant en fonction à être jugé par la CPI. Son procès avait commencé le 10 septembre. Il comparaît libre.

Il est accusé d'avoir orchestré certaines des violences post-électorales qui avaient déchiré le Kenya fin 2007-début 2008 et avaient fait plus de 1.000 morts et 600.000 déplacés.

Tout comme son co-accusé Joshua Arap Sang, il nie tout responsabilité dans ces violences, les pires de l'histoire post-coloniale du Kenya.

Le procureur désirait également poursuivre le président kényan Uhuru Kenyatta mais avait du renoncer en décembre, faute de preuves suffisantes.

Les procédures avaient également été marquées par une campagne internationale menée par le Kenya, et soutenue par l'Union africaine (UA), pour mettre un terme aux poursuites contre le président kényan et son vice-président William Ruto.