02.12.2003 - TPIR/MILITAIRES I - LE PARQUET A CITE UN MILITAIRE BELGE DE LA MINUAR

Arusha, le 2 décembre 2003 (FH) -Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a entendu mardi un officier belge de l'ex-Mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda, (MINUAR) dans le procès de quatre hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (FAR) poursuivis pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Membre du deuxième bataillon commando belge, le 1er sergent Didier Hutsebaut faisait partie, en 1994, D'un peloton chargé de la protection des personnalités politiques résidant au quartier ministériel de Kimihurura dans la ville de Kigali.

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Le contingent belge devait notamment assurer l'escorte du premier ministre rwandais Agathe Uwilingiyimana tuée le 7 avril 1994, aux premières heures du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants qui ont fait un million de morts en trois mois.

Quand l'avion du président Habyarimana a été abattu, dans nuit du 6 avril 1994, le sergent Hutsebaut était "branché sur le réseau radio de son peloton", a-t-il dit.

"Tard dans la nuit, J'ai eu deux appels téléphoniques de Mme Uwilingiyimana, le premier vers minuit, et le second vers 2 heures et quart du matin", a-t-il rapporté.

Le trente quatrième témoin du parquet a expliqué que le premier ministre souhaitait D'abord le renforcement de la sécurité à sa résidence, ensuite qu'elle soit escortée à la Radio nationale où elle devait prononcer un discours.

Mme Uwilingiyimana a été assassinée par des soldats rwandais avant qu'elle ne puisse se rendre à la Radio nationale. Dix soldats belges membres de son escorte ont été également tués le même jour.

Le sergent Hutsebaut n'a pas donné D'informations au sujet de ces assassinats. Il a simplement indiqué que lui-même avait été menacé de mort par un militaire rwandais, dans la nuit du 6 avril, lorsqu'il se rendait à la résidence D'un certain Félicien Ngango, qui était candidat au poste de président de l'assemblée nationale intérimaire prévue par les accords de paix D'Arusha D'août 1993. Félicien Ngango a été également assassiné par des soldats rwandais en avril 1994.

Le parquet allègue que "dans les heures qui suivent la chute de l'avion présidentiel, les militaires érigent des barrages routiers et commencent à massacrer les Tutsis et les membres de l'opposition hutue à Kigali et dans D'autres régions du Rwanda".

Le parquet allègue que l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, un des accusés dans ce procès, est parmi les planificateurs de ces massacres.

Le conseil martiniquais de Bagosora, Me Raphaël Constant a demandé au témoin si des mesures n'avaient pas été prises pour renforcer la sécurité des personnalités après la mort du président. "On n'avait pas engagé tous les moyens à la disposition de la MINUAR", a regretté le sergent Hutsebaut.

Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat-major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

Tous plaident non coupable.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

Le juge Mose était absent à l'audience de mardi "pour D'autres engagements professionnels". Les débats se poursuivront mercredi avec l'audition du témoin protégé "BC" interrompue mardi pour cause de maladie.

GA/AT/GF/FH (Ml'1202A)