24.11.2003 - TPIR/NDINDABAHIZI - NDINDABAHIZI A COMMENCE A TEMOIGNER POUR SA PROPRE DEFENSE

Arusha, le 24 novembre 2003 (FH) l'ancien ministre des finances sous le gouvernement intérimaire, Emmanuel Ndindabahizi, a commencé à témoigner pour sa propre défense lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). C'est le dernier témoin dans ce procès pour génocide et crimes contre l'humanité qui a commencé le 1er septembre 2003.

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Il a raconté comment il a failli être tué quelques heures seulement après l'attentat contre l'avion de l'ancien président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994. Il a réussi in extremis à se sauver, en se réfugiant dans une maison voisine.

Emmanuel Ndindabahizi, 53 ans, est poursuivi pour des massacres de Tutsis dans sa province natale de Kibuye (ouest du Rwanda). Il plaide non coupable.

Guidé par son avocat principal, le Français Me Pascal Besnier, Emmanuel Ndindabahizi a indiqué qu'il a quitté sa résidence le 7 avril 1994, fuyant des soldats de l'ex-rébellion à dominante tutsie, le Front patriotique rwandais (FPR), qui avaient commencé à attaquer des gens dans leurs domiciles.

"J'étais apeuré, étant donné ma position au sein du ministère et du parti", a-t-il dit. Ndindabahizi était directeur de cabinet au ministère des finances et membre du comité exécutif du Parti social démocrate (PSD). Il était également président de ce parti à Kibuye. Ndindabahizi a déclaré qu'il avait été obligé de quitter sa première cachette sous une pluie de balles pour se réfugier cette fois-là chez un collègue membre du PSD, Hyancinthe Nsengiyumva Rafiki. Ce dernier était directeur de cabinet au ministère des travaux publics et de l'énergie.

l'accusé, devenu témoin, a décrit la situation qui prévalait alors à Kigali comme dangereuse, car il y avait des tirs sporadiques partout dans la ville.

Ndindabahizi a indiqué que lorsqu'il était chez Hyancinthe Nsengiyumva Rafiki, le directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, était arrivé sur les lieux et avait invité son hôte à participer à une réunion au ministère de la défense. l'objet de cette réunion était la formation du gouvernement intérimaire.

Rafiki Nsengiyumva a accepté l'invitation, puis il a informé le colonel Bagosora que Ndindabahizi se cachait chez lui. Bagosora a alors demandé que Ndindabahizi se joigne à eux.

A la question de savoir pourquoi il a accepté D'accompagner Hyacinthe Nsengiyumva au ministère de la défense, Ndindabahizi a répondu qu'il n'avait pas D'autre choix, car "J'étais totalement entre ses mains".

Avant qu'ils ne partent pour la réunion, Hyacinthe Nsengiyumva a décidé D'appeler un autre membre du PSD, François Ndungutse, qui leur a tenu compagnie.

A leur arrivée au ministère de la défense, autour de 14h30, le gouvernement intérimaire avait déjà été formé, a dit Ndindabahizi.

"On nous a dit que le gouvernement avait déjà été formé. Alors, on nous a demandé de dire quelles étaient les trois personnalités qui allaient occuper les portefeuilles ministériels dévolus au PSD. Lorsque nous avons demandé ce qui était arrivé à nos anciens représentants, on nous a dit qu'ils étaient soient morts soient portés disparus".

Ndindabahizi a indiqué que sur le champ ils ont décidé de nommer les trois personnalités.

"Je n'ai pas été consulté. Nsengiyumva Rafiki m'a nommé au ministère des finances. Je ne pouvais pas refuser. Etait-il possible de décliner cette offre, eu égard aux conditions qui prévalaient à ce moment-là?", s'est demandé Ndindabahizi.

Selon lui, l'approche consistant à demander au PSD de nommer ses représentants était une embuscade. Il a ajouté que Ndungutse et Nsengiyumva Rafiki ont ultérieurement signé l'accord en vue de la formation du gouvernement intérimaire. Il n'y a pas eu de débats sur les missions à assigner à ce gouvernement ni sur la manière dont ces missions allaient être exécutées, a-t-il dit.

Ndindabahizi poursuit sa déposition mardi. Son procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose et comprenant en outre les juges pakistanaise Khalida Rachid Khan et ougandaise Solomy Balungi Bossa.

AT/PJ/FH (NB'1124A)