19.11.2003 - TPIR/NDINDABAHIZI - LE PARTI DE NDINDABAHIZI N'A PAS PARTICIPE A LA FORMATION DU GOUVER

Arusha, le19 novembre 2003 (FH) - Le Parti Social Démocrate (PSD) de l'ancien ministre rwandais des finances, Emmanuel Ndindabahizi, n'a pas participé à la formation du gouvernement intérimaire en 1994, a affirmé un expert cité par la défense mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'historien français Bernard Lugan est le dix-septième témoin de la défense dans ce procès pour génocide et crimes contre l'humanité portant sur des massacres de Tutsis à Kibuye (ouest du Rwanda), la région natale de Ndindabahizi.

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l'accusé plaide non coupable.

Bernard Lugan a basé l'essentiel de sa déposition sur un rapport de vingt-cinq pages rédigé à la demande des avocats de Ndindabahizi. l'ancien ministre est défendu par deux avocats français: Me Pascal Besnier et Me Guillaume Marçais.

Selon l'expert, aucun membre du PSD n'a assisté à la réunion tenue le 8 avril 1994 au ministère de la défense, dans le but de combler le vide institutionnel provoqué par la mort du président Habyarimana deux jours plus tôt, lorsque son avion a été abattu par un missile.

"Le gouvernement a été formé en l'absence du PSD. Les membres du PSD avaient été tués ou avaient pris la fuite", a indiqué Bernard Lugan.

l'expert a expliqué que le PSD était connu pour son soutien aux accords de paix D'Arusha conclu en août 1993 entre l'ancien gouvernement à dominante hutue et les rebelles majoritairement tutsis du Front patriotique rwandais (FPR). Selon l'expert, le parti PSD, de par ses positions politiques, était souvent considéré comme ayant trahi "la cause hutue".

Le procureur estime que les membres du PSD qui ont survécu aux massacres de 1994 sont ceux qui sympathisaient avec les extrémistes hutus alors au pouvoir. Ndindabahizi dirigeait le PSD à Kibuye.

Bernard Lugan a indiqué que les Tutsis au Rwanda ont été persécutés dès 1959 mais que les massacres étaient restés sporadiques, l'armée coloniale belge étant parvenue à limiter les dégâts. Sous l'ancien président Grégoire Kayibanda (1962-1973), la persécution des Tutsis a continué, selon l'expert, et quand ils ne l'étaient pas, ils étaient considérés comme "des citoyens de seconde zone".

Sous Juvénal Habyarimana (1973-1994), le régionalisme et le micro-régionalisme ont supplanté l'ethnisme, a-t-il dit. Pour gouverner, Habyarimana s'appuyait sur "l'akazu",[petite maison], "noyau dur D'un véritable réseau de mise en coupe réglée du pays et de contrôle de tous les habitants au profit de l'entourage présidentiel", dit Bernard Lugan. Sa déposition se poursuit jeudi.

Emmanuel Ndindabahizi est jugé par la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose et comprenant en outre la juge pakistanaise Khalida Rachid Khan et la juge ougandaise Solomy Balungi Bossa.

Le juge Mose a demandé à plusieurs reprises à la défense de réduire la partie historique de la déposition pour se concentrer sur les faits.

AT/PJ/FH (NB'1119A)