07.11.2003 - TPIR/MILITAIRES I - LA DEFENSE DE NSENGIYUMVA INVOQUE UN ALIBI

Arusha, le 7 novembre 2003 (FH) – La défense de l’ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva a soutenu que l’accusé n’était pas à Kigali le 14 avril 1994 tel que l’a affirmé un témoin du parquet devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le 22è témoin à charge répondant au nom de code « DAS » a déclaré devant le parquet que Nsengiyumva était arrivé, à cette date, à un barrage routier érigé dans le quartier de Kiyovu, où militaires et miliciens massacraient des Tutsis.

1 min 51Temps de lecture approximatif

A cette occasion, l’accusé se serait trouvé en compagnie de l’ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théonèste Bagosora, considéré par le parquet comme le « cerveau » du génocide rwandais.

« Savez-vous, Monsieur le témoin, que le corps du président Habyarimana [assassiné dans la nuit du 6 avril] a été transporté ce jour-là de Kigali à Gisenyi où Nsengiyumva était chargé de l’accueillir », a soutenu l’avocat kenyan de l’accusé, Me Ottachi Bw'Omanwa, développant ainsi une défense d’alibi.

Le témoin a campé sur sa position et réitéré qu’il avait bien vu l’accusé à Kigali en ce jour du 14 avril.

L’avocat franco-martiniquais de Bagosora, Me Raphaël Constant a lui aussi suggéré que son client n’était pas à Kigali ni mi-juin ni fin juin 94, tel que l’a allégué DAS en associant l’accusé aux massacres commis durant cette période.

« Quoi qu’il en soit, il était au Rwanda et il avait un véhicule, il n’ allait pas à pied », a simplement répondu le témoin.

Le colonel Bagosora et le lieutenant-colonel Nsengiyumva sont co-accusés avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, et l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

Tous plaident non coupable.
Après DAS, le parquet fait comparaître « DAK », le 23è témoin de l’accusation. Son interrogatoire principal n’a duré que quelques minutes, à la surprise des équipes de défense.

DAK a notamment déclaré que l’armée avait interdit au premier ministre, Mme Agathe Uwilingiyimana, de faire une quelconque déclaration sur Radio Rwanda dans la matinée du 7 avril 1994. Elle a été assassinée le même jour, ainsi que les casques bleus Belges membres de son escorte. Bagosora est notamment poursuivi pour cet assassinat.

Le contre-interrogatoire de DAK aura lieu lundi.

Ce procès dit « Militaires I » se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

Il est considéré comme l’une des plus importantes affaires dont le TPIR est saisi à ce jour.

GA/CE/GF/FH (ML’1107A)