15.10.2003 - TPIR/GACUMBITSI - GACUMBITSI N’ETAIT PAS PRESENT AU MASSACRE DE NYARUBUYE, SELON UN TEM

Arusha, le 15 octobre (FH) – Un témoin à décharge dans le procès de l’ex-maire de Rusumo (province de Kibungo, est du Rwanda), Sylvestre Gacumbitsi, poursuivi notamment pour génocide devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a déclaré mercredi ne pas avoir vu l’accusé parmi les assaillants de la paroisse de Nyarubuye. L’Eglise catholique de Nyarubuye fut le théâtre, à la mi-avril 1994, de tueries massives dirigées, selon le procureur, par l’ex- responsable administratif.

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Dénommé ZHZ pour des raisons de protection, le dixième témoin de la défense est un instituteur aujourd’hui en exil. Sa déposition avait été reportée à plusieurs reprises suite à son état de santé.

« Je n’ai pas vu Gacumbitsi, ni aucun autre responsable communal à Nyarubuye, ce jour- là. Je n’ai même pas vu un seul policier communal », a rapporté le témoin qui était interrogé par la Camerounaise, Me Anne Ngatio Mbatttang, co- conseil de l’ex-maire.

Selon lui, le massacre de Nyarubuye a été perpétré dans l’après-midi du 15 avril 1994 par des assaillants venus d’autres localités, notamment de la commune de Rukira.

« Dans notre secteur (Nyarubuye), la population était unie. ( …) Je ne connais d’ailleurs personne de notre secteur qui ait tué ou pillé », a soutenu le témoin.

HZ avait été embarqué de force dans un véhicule et conduit à la paroisse par des assaillants parmi lesquels se trouvaient des gendarmes, selon sa déposition. Il a indiqué s’être enfui dès la première explosion.

Le témoin a par ailleurs nié avoir entendu durant cette période une quelconque incitation à tuer les Tutsis, violer leurs femmes et filles ou piller leur biens.

Le substitut ougandais du procureur, Richard Karegyesa, a relevé des contradictions entre la déposition de ZHZ et sa déclaration aux enquêteurs de la défense notamment sur la date de sa fuite en Tanzanie.

« Vous venez de dire que vous êtes arrivé en Tanzanie le 28 avril 1994 alors que dans votre déclaration à l’enquêteur de la défense, vous avez dit le 30 ? », a demandé Karegyesa.

« Je pense qu’il y a eu un malentendu entre moi et la personne qui a consigné mes propos », a répondu ZHZ.

Le témoin suivant, NG1, a été entendu entièrement à huis clos.

Le douzième témoin, YEW, a commencé sa déposition en fin d’après- midi. Il a affirmé qu’en avril 1994, certaines bandes de malfaiteurs ne reconnaissaient plus l’autorité de Gacumbitsi qu’elles qualifiaient de complice du Front patriotique rwandais (FPR), ex-rébellion alors en guerre contre le gouvernement.

Sa déposition se poursuit jeudi avec le contre- interrogatoire par le bureau du procureur.

Au début de la présentation de ses moyens de preuve, le 6 octobre, la défense avait annoncé qu’elle comptait citer « entre vingt et vingt- trois témoins ». Mais l’avocat principal, le Camerounais Me Kouengoua a laissé entendre mercredi qu’il pourrait renoncer à certains d’entre eux pour accélérer la procédure.

Gacumbitsi, 56 ans, répond de cinq chefs D'accusation de génocide et crimes contre l’humanité portant sur des massacres de Tutsis et des viols commis en avril 1994, en différents endroits de sa commune.

Son procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par la Sénégalaise Andrésia Vaz et comprenant, en outre, les juges fidjien Jai Ram Reddy et russe Serguei Aleckseievich Egorov.

Le juge Reddy, absent pour des raisons familiales, n’a pas siégé depuis lundi.

ER/CE/GF/FH (GA1015’A)