Contrairement à ses habitudes, Alison Des Forges a témoigné sans avoir préalablement rédigé un rapport D'expertise contre l'accusé. Le substitut ougandais du procureur, Richard Karegyesa, a estimé que les écrits du témoin et sa vaste connaissance du génocide rwandais suffisaient amplement pour le qualifier en tant qu'expert.
l'accusation a par ailleurs omis D'interroger l'expert, ce qui a fait que Mme Des Forges n'a répondu qu'aux questions de la défense.
Le parquet a simplement produit des transcriptions de la déposition de Mme Des Forges dans le procès de l'ancien maire Jean-Paul Akayesu devant le TPIR en mai 1997.
"Vous me mettez dans l'embarras", a D'emblée relevé l'avocat camerounais de Sylvestre Gacumbitsi, Me Kouengoua, regrettant l'absence D'un rapport D'expertise.
Me Kouengoua a alors posé une série de questions sur l'histoire ancienne du Rwanda, "la révolution sociale" de 1959, ainsi que la situation ayant entouré le génocide de 1994.
Me Kouengoua a notamment soutenu que les massacres perpétrés à Kibungo après mai 1994 sont à mettre sur le compte du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-mouvement rebelle à dominante tutsi actuellement au pouvoir à Kigali, qui assurait le contrôle de cette région. A ce propos, Me Kouengoua a produit un document émanant, selon lui, du Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR) qui a été provisoirement reçu par la chambre en attendant des éclaircissements quant à son authenticité.
Alison Des Forges a indiqué que les tueries auxquelles fait référence ce document ont eu lieu à des dates différentes et dans des zones non proches de l'église de Nyarubuye en commune Rusumo.
Alison Des Forges a cependant affirmé qu'en 1994, "il y a eu des meurtres commis par certains soldats du FPR. Il semble y avoir eu des crimes contre l'humanité ainsi que des crimes de guerre".
Alison Des Forges a précisé qu'il n'y a cependant pas D'équivalence entre le génocide et les crimes commis par le FPR mais que, "il y a équivalence des droits des victimes à la justice".
Sylvestre Gacumbitsi répond de cinq chefs D'accusation portant sur des massacres de Tutsis et des viols commis à différents endroits de sa commune, dont l'église catholique de Nyarubuye où vingt mille Tutsis ont été tués en avril 1994, selon des organisations de défense des droits de l'homme. l'accusé plaide non coupable.
Le procès Gacumbitsi se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée, dans cette affaire, par la juge sénégalaise Andrésia Vaz et comprenant, en outre, les juges fidjien Jai Ram Reddy et russe Serguei Aleckseievich Egorov.
Mme Des Forges clôturera sa déposition mercredi.
GA/AT/GF/FH (GA'0826A)