20.08.2003 - TPIR/MEDIAS - FERDINAND NAHIMANA N'APPARTIENT A AUCUNE ENTENTE CRIMINELLE, SELON SA DEF

Arusha 20 août 2003 (FH)- Ferdinand Nahimana, un des trois accusés dans le procès des "médias de la haine", n'appartient à aucune entente criminelle, a affirmé un de ses avocats, mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'avocat français de Ferdinand Nahimana, Me Jean-Marie Biju Duval, a déclaré au cours de sa plaidoirie que l'accusé est "victime de l'exploitation politicienne des événements".

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Le procureur du TPIR accuse Ferdinand Nahimana notamment D'entente et D'incitation directe et publique à commettre le génocide. Il plaide non coupable.

Me Biju Duval a indiqué que "la seule entente à laquelle Ferdinand Nahimana croit, à l'origine et jusqu'à présent, c'est la nation, c'est le peuple. Et il y participe à un moment clé de l'histoire du Rwanda: celui des accords D'Arusha et de la formation du gouvernement de transition à base élargie" issu de ces accords.

Ferdinand Nahimana avait été désigné par le parti de l'ancien président Juvénal Habyarimana comme un de ses représentants au sein du gouvernement de transition auquel devait être associé l'ex-rébellion à dominante tutsie, le Front patriotique rwandais (FPR).

"Si Ferdinand Nahimana avait été cet homme de l'affrontement ethnique, de la discrimination ethnique, il n'aurait pas été admis dans ce gouvernement de paix", a plaidé Me Biju Duval.

l'avocat français se fondait notamment sur une lettre adressée à la commission parlementaire française sur le Rwanda par Faustin Twagiramungu, qui devait diriger ce gouvernement.

Me Biju Duval a du coup réfuté les allégations selon lesquelles Ferdinand Nahimana se serait associé avec des mouvements taxés D'extrémisme comme le parti Coalition pour la défense de la République (CDR) et "hutu power".

"Ferdinand Nahimana n'appartient à aucun des éléments de cette nébuleuse présentée comme extrémiste qui se développe au Rwanda" dans les années 1990, a plaidé Me Biju Duval.

Pour l'avocat français, "il y a deux camps et Nahimana se situe dans celui qui prône l'unité sur la base D'une histoire commune, D'une culture commune."

Me Biju Duval a soutenu que la radio RTLM n'a pas été créée pour inciter au génocide. Le défenseur de Ferdinand Nahimana a néanmoins indiqué qu'après le 6 avril 1994, la RTLM a été "réquisitionnée" par l'armée qui en a fait un outil de la guerre.

Ferdinand Nahimana avait pour sa part fui les combats et n'est plus entré en contact avec la radio RTLM et son personnel, a indiqué son avocat. "Pour une radio, on ne peut pas diriger à distance. C'est lorsque Ferdinand Nahimana n'a plus aucun lien avec la RTLM qu'elle devient criminelle. Il n'y est plus, il n'y est plus rien, il n'y est pour rien", a-t-il souligné.

Me Biju Duval a demandé que son client cesse D'être "un bouc émissaire" du procès des médias. "On ne fonde pas une condamnation sur une exégèse hasardeuse, on ne construit pas un procès sur l'équivoque, l'ambiguïté et les interprétations basées sur le double sens", a-t-il indiqué à l'adresse du procureur.

S'adressant ensuite à la chambre, Me Biju Duval a déclaré: "Ne jugez que sur des certitudes et non sur des miettes de preuve ou sur des témoins qui se moquent de la justice".

Pour l'avocat, les magistrats ont affaire à "un homme qui n'a jamais cessé de lutter pour l'unité du peuple rwandais et qui n'a jamais tenu un autre langage".

La défense de Nahimana a plaidé l'acquittement.

Jeudi, le Tribunal entendra les plaidoiries de la défense de Hassan Ngeze, un des coaccusés de Ferdinand Nahimana.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
AT/GF/FH(ME'0820C)