Le témoin a évoqué l'exécution de 430 Tutsis au lieu dit Nyundo, en dates du 27 et 28 avril 1994. "Ils s'étaient cachés dans une cave et ont été fusillés par des Interahamwe envoyés de Kigali par le colonel Bagosora", a rapporté XBM, ajoutant qu'à ce groupe s'étaient ajoutés D'autres Interahamwe venus de Gisenyi.
A la suite de cette exécution, Bagosora aurait débarqué à Gisenyi le 24 mai 1994 à bord D'un hélicoptère "pour féliciter les Interahamwe", à qui il aurait remis la somme de 500.000 Francs rwandais ( l'équivalent de 3500$ à l'époque).
Selon le témoin, l'accusé aurait à cette occasion sélectionné "les meilleurs tueurs" et les aurait dirigé à Mugina (préfecture Gitarama, centre du Rwanda), où ils auraient opéré D'autres massacres, tuant quelques 600 personnes.
Considéré par le parquet comme "cerveau du génocide" rwandais, Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi, le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
XBM a allégué que Nsengiyumva a quant à lui dirigé une attaque à l'Université de Mudende (Gisenyi) où avaient cherché refuge "environ 2000 Tutsis", au lendemain de l'attentat contre le président Habyarimana, le 6 avril 1994.
Nsengiyumva aurait ordonné à tous ceux qui n'étaient pas armés de s'éloigner du complexe universitaire. "Après son départ, militaires et Interahamwe ont commencé à tirer sur les réfugiés", a déclaré le témoin, situant cette attaque entre le 7 et le 9 avril.
XBM a expliqué que les réfugiés qui n'ont pas été fusillés le premier jour de l'attaque ont été tués le lendemain "à l'arme blanche". Il a ajouté qu'en prélude à ces attaques, Bagosora et Nsengiyumva avaient tenu des réunions et distribué des armes à feu aux Interahamwe fin '93 et début '94.
A l'entame du contre-interrogatoire, l'avocat franco-martiniquais de Bagosora, Me Raphaël Constant a D'emblée relevé que XBM esquivait ses questions, demandant au juge président de rappeler le témoin à l'ordre. Le juge Mose est intervenu à maintes reprises pour expliquer à XBM le bien fondé des questions de la défense.
Le témoin venait notamment de qualifier de "futilités" les questions relatives à ses sensibilités politiques au moment des faits, ainsi qu'aux meetings auxquels il a affirmé avoir participé juste avant le génocide.
Le contre-interrogatoire de XBM se poursuit mardi devant la première chambre de première instance du TPIR, comprenant outre le juge Mose, les juges russe Serguei Aleckseievich Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
GA/CE/GF/FH (Ml'0714A)