16.06.2003 - TPIR/MILITAIRES I - LE PROCES A REPRIS AVEC LA DEPOSITION D'UN CONDAMNE DU TPIR

Arusha, le 16 juin 2003 (FH) - Le procès quatre hauts officiers des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) a repris lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avec la déposition D'un témoin condamné par la juridiction internationale. Le procès dit "Militaires I" concerne l'ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, considéré comme le "cerveau" du génocide, l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

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Ils sont notamment accusés D'entente en vue de commettre le génocide et de crimes de guerre. Ils plaident non coupable.

Lundi, les débats ont repris avec la déposition du troisième témoin à charge, l'ancien présentateur à la Radio-Télévision Libre des Milles Collines (RTLM), l'Italo-Belge Georges Ruggiu. Ce dernier, qui a déjà déposé dans l'affaire des médias, a été condamné le 1er juin 2000 par le TPIR à 12 ans de prison pour incitation au génocide.

Interrogé par le représentant américain du parquet, Drew White, Ruggiu s'est surtout penché sur le fonctionnement de la RTLM durant les massacres de 1994, sans développer sur les responsabilités alléguées des accusés au cours de cette période.

Ruggiu a expliqué qu'avant l'attentat contre l'avion présidentiel du 6 avril 1994, "l'audience cible de la RTLM était tous ceux qui pouvaient adhérer aux idéaux du [parti au pouvoir, le] MRND" et de ses acolytes.

Selon le témoin, après cet attentat qui a déclenché les massacres, la philosophie éditoriale de la RTLM avait changé pour embrasser tous ceux qui
pouvaient apporter leur soutien à l'armée, à l'effort de guerre et au gouvernement de transition. Bref, un appel aux Hutus contre le FPR (l'ex-opposition armée) et ses complices.

Ruggiu a ensuite évoqué les horreurs dont il a été témoin, sur certains axes de Kigali et sur des barrières érigées par les Interahamwe, l'aile jeunesse du MRND considérée comme le fer de lance du génocide. A un moment, le témoin a presque éclaté en sanglots, en se rappelant le massacre de 129 femmes, "rangées les unes contre les autres" au lieu dit Gakinjiro.

Le témoin eu du mal à se rappeler des dates exactes auxquelles se seraient déroulés ces événements et n'y a associé aucun des accusés.

A un moment la chambre a sommé le procureur D'élucider sa ligne de questions: "Où en sommes nous par rapport à l'acte D'accusation"?, a demandé au procureur le juge président Erik Mose.

Jusqu'à la fin de l'interrogatoire en chef, Ruggiu a simplement indiqué avoir "aperçu" Kabiligi à Kigali et à Gisenyi, et avoir vu Ntabakuze à Kigali durant le génocide. Il a ajouté avoir revu Kabiligi à Bukavu, dans l'ex-Zaïre, après les massacres, mais rien n'a été dit concernant Bagosora et Nsengiyumva.

Le procès des "Militaires I" se déroule devant la première chambre comprenant outre le juge Mose, les juges russe Serguei Aleckseievich et fidjien Jai Ram Reddy.

Lundi en fin D'après-midi, le co-conseil de Bagosora, l'avocat canadien Me Paul Skolnik a entamé le contre-interrogatoire de Ruggiu. Il se poursuit mardi.

GA/CE/GF/FH (Ml'0616A)